Le Canada recueillera les empreintes de ses visiteurs
Seuls les touristes n’ayant pas besoin de visa n’auront pas à les fournir
En élargissant notre programme de biométrie, nous facilitons l’entrée au Canada et protégeons l’intégrité de notre système d’immigration en établissant rapidement et avec précision l’identité d’un voyageur
AHMED HUSSEN
Visiteurs, vos empreintes ! À compter d’aujourd’hui, le Canada emboîte le pas à plusieurs de ses alliés en exigeant des voyageurs nécessitant un visa d’entrée qu’ils fournissent également leurs empreintes digitales.
Cette exigence s’applique à toute personne qui demande un visa de voyage, un permis de travail, un permis d’études ou qui présente une demande de résidence permanente au Canada. Depuis 2013, les ressortissants de seulement 30 pays plaçant de telles demandes devaient fournir leurs empreintes. Désormais, ce sont tous les visiteurs d’Europe, du MoyenOrient et d’Afrique qui sont visés, tandis que ceux d’Asie et d’Amérique le seront à compter du 31 décembre prochain. Les demandeurs d’asile, eux, doivent fournir leurs empreintes depuis 1993.
Tous les touristes ne seront pas embêtés pour autant. Ceux provenant des pays pour lesquels le Canada n’exige pas de visa de voyage n’auront pas à fournir leurs données biométriques. Le Canada exige des visas de 147 pays, mais exempte ses alliés habituels, notamment les États-Unis, certains pays européens, Israël, les Émirats arabes unis, l’Australie, le Japon, le Mexique, le Chili, la Corée du Sud et Singapour.
Le Canada assure que sa mesure n’est pas exceptionnelle puisque « plus de 70 pays » s’y adonnent déjà, notamment les États-Unis, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Japon, le RoyaumeUni et les 26 États européens faisant partie de l’espace Schengen.
« En élargissant notre programme de biométrie, nous facilitons l’entrée au Canada et protégeons l’intégrité de notre système d’immigration en établissant rapidement et avec précision l’identité d’un voyageur», a fait valoir par communiqué de presse le ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Ahmed Hussen. Les empreintes seront vérifiées en amont du périple du voyageur, notamment en étant comparées au répertoire des empreintes digitales des criminels que gère la Gendarmerie royale du Canada (GRC).
La mesure, qui entre en vigueur ce mardi, avait été annoncée par Stephen Harper en 2015. Une somme de 312,6 millions de dollars sur cinq ans y a été consacrée.
Évaluation des risques
Au Commissariat à la protection de la vie privée du Canada, on indique avoir tenu des consultations avec le gouvernement sur l’expansion prévue de la prise d’empreintes et reçu plusieurs évaluations des risques. La dernière, reçue en juillet, est encore à l’étude par le commissaire. « Du point de vue de la sécurité, nous croyons qu’il est justifié, aux fins de vérification de l’admissibilité, de recueillir les empreintes digitales des personnes qui cherchent à être admises au Canada », indique le bureau du commissaire, Daniel Therrien. Il est satisfait de la mesure voulant que les empreintes soient détruites lorsqu’un résident permanent se verra accorder la citoyenneté canadienne.
Le Commissariat demande toutefois qu’une attention particulière soit accordée à la protection des données biométriques recueillies par des centres d’inscription privés à l’étranger et qu’Ottawa établisse « avec prudence » des critères pour la communication des données à d’autres pays.
Un voyageur n’aura à fournir ses données biométriques qu’une fois tous les 10 ans, nonobstant son nombre de visites au Canada. Le demandeur devra assumer les frais de 85 $ pour la prise d’empreintes. Le coût est plafonné à 170 $ pour les familles et à 255 $ pour les groupes de trois artistes ou plus venant performer au pays. En attendant l’ouverture de nouveaux centres de réception des demandes de visa partout dans le monde, les demandeurs pourront s’adresser à certaines ambassades canadiennes pour fournir leurs données biométriques.
Le Canada pourra partager les données qu’il recueille avec ses alliés, notamment les États-Unis, qui auront à leur tour le droit de partager les données reçues avec d’autres pays en vertu d’une entente sur le périmètre de sécurité conclue en 2012.