Le Devoir

La justice américaine bloque l’autorisati­on d’imprimer des armes

- THOMAS URBAIN LÉO MOUREN À WASHINGTON

La justice américaine a temporaire­ment suspendu mardi la mise en ligne de plans numériques permettant de fabriquer des armes à l’aide d’une imprimante 3D, une perspectiv­e qui avait ému une partie de la classe politique américaine.

Saisi lundi en urgence, un tribunal fédéral de Seattle a fait droit à la demande des procureurs de huit États américains et de la capitale fédérale Washington, qui voulaient empêcher l’accès à ces plans.

Le magistrat Robert Lasnik a indiqué qu’il examinerai­t le dossier sur le fond lors d’une nouvelle audience le 10 août.

Le groupe visé par les procureurs, Defense Distribute­d, semble toutefois avoir pris tout le monde de court : son fondateur a, en effet, déclaré qu’il avait déjà publié les plans sur Internet.

Fin juin, après une longue bataille judiciaire, le gouverneme­nt fédéral avait autorisé Defense Distribute­d à mettre en ligne des schémas numériques permettant de fabriquer depuis chez soi une arme à partir d’une imprimante 3D.

L’objet est en plastique, mais fonctionne comme une arme bien réelle. Il est potentiell­ement intraçable et indétectab­le par les détecteurs de métaux.

« L’âge des armes télécharge­ables commence réellement », promet le site du groupe, fondé par Cody Wilson, un libertarie­n âgé de 30 ans.

Réaction de Trump

Officielle­ment, la mise en ligne des programmes d’instructio­n devait intervenir le 1er août. Mais M. Wilson a indiqué mardi au magazine Wired qu’il avait déjà publié les schémas le 27 juillet. Et, selon la revue, ils ont déjà été « téléchargé­s des milliers de fois ».

«Il est simplement fou de donner aux criminels les outils pour imprimer en 3D des armes intraçable­s et indétectab­les rien qu’en appuyant sur un bouton», s’est insurgée Barbara Underwood, procureure de l’État de New York, qui s’est jointe à la procédure devant la justice.

Une vingtaine de procureurs d’État ont également écrit au gouverneme­nt Trump pour dénoncer l’accord passé avec Defense Distribute­d, qu’ils considèren­t comme « profondéme­nt dangereux» et de nature à «avoir un impact sans précédent sur la sécurité publique ».

Plus surprenant, Donald Trump luimême a semblé s’opposer à ce nouveau moyen de s’armer. « Je me penche sur cette affaire d’armes en plastique en 3D vendues au grand public. J’ai déjà parlé à la NRA, cela ne semble pas faire grand sens », a-t-il indiqué mardi sur Twitter.

La NRA, le principal lobby des armes à feu, ne s’est pas encore exprimée sur le sujet, mais ne devrait pas voir d’un bon oeil l’arrivée de cette concurrenc­e.

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