Le Devoir

La hausse du prix du bitume force la Ville de Québec à reporter des chantiers

- ISABELLE PORTER À QUÉBEC

Craignant de voir le coût de ses chantiers exploser de 20 %, la Ville de Québec a reporté 133 des 850 projets de réfection routière qu’elle avait planifiés au printemps. Une situation surveillée de près par l’Union des municipali­tés du Québec (UMQ), qui a été contactée par d’autres villes à cet égard.

Histoire de dissiper les inquiétude­s, la capitale a souligné mercredi qu’aucun des chantiers reportés n’était « critique ». On parle de travaux d’asphaltage et de réhabilita­tion des chaussées et non pas de grands chantiers, assure-t-on.

N’eût été ce report, la Ville s’exposait à une hausse de 20 % de ses dépenses. En procédant de la sorte, elle limite la hausse à 6,2 %.

Comment en est-on arrivé là? La Ville montre du doigt la hausse des prix du bitume et des subvention­s « moins importante­s que prévu » du ministère des Affaires municipale­s.

Si, pour l’heure, elle est la seule municipali­té à avoir prévu un ajustement aussi radical, elle n’est pas la seule à être aux prises avec une hausse imprévue des coûts, selon l’Union des municipali­tés du Québec (UMQ), qui dit « surveiller la situation de près ».

« On a eu certains échos de municipali­tés qui font face aux mêmes enjeux », signale son porte-parole, Patrick Lemieux. « On n’a pas eu d’autres reports, mais certains directeurs généraux et élus regardent si certains projets pourraient être priorisés plutôt que d’autres. »

Interrogée sur la part de responsabi­lité exacte des subvention­s, du prix du bitume, voire des fonctionna­ires dans leur planificat­ion, la Ville a préféré ne pas fournir trop de détails.

« On ne veut pas contaminer le processus d’appel d’offres qui sera repris l’an prochain », a expliqué le porte-parole David O’Brien.

Chose certaine, le prix du bitume a explosé depuis l’an dernier, avec une augmentati­on de 40 %.

« Beaucoup de villes m’appellent. Les gens hésitent à reporter les travaux », mentionne Florian Lafage, directeur de l’associatio­n qui représente les fournisseu­rs de bitume au Québec (Bitume Québec). Selon lui, ce ne serait pas nécessaire­ment une bonne idée puisqu’il est possible que la situation soit « pire » l’an prochain.

Par contre, cela n’a rien à voir avec le prix du pétrole, note-t-il. L’Amérique du Nord fait plutôt face à une pénurie de bitume sans précédent. « Plusieurs raffinerie­s connaissen­t des difficulté­s d’exploitati­on. Il y en a même une qui a explosé au Wisconsin, poursuit-il. Dès lors, on commande du bitume par bateau en provenance d’Europe pour palier le manque. »

L’explosion au Wisconsin est survenue en avril à la raffinerie Husky, propriété du groupe du même nom basé à Calgary. La raffinerie produisait du bitume à partir notamment des sables bitumineux de l’Alberta. La catastroph­e, dont la cause demeure inconnue, avait fait au moins 11 blessés et forcé l’évacuation des 27 000 personnes vivant dans les environs.

La Ville de Québec n’est pas la seule à être aux prises avec une hausse imprévue des coûts, selon l’Union des municipali­tés du Québec

Newspapers in French

Newspapers from Canada