Le Devoir

En quête d’inspiratio­n

Edmond, un hommage peu convaincan­t à l’oeuvre de Rostand

- CHRISTIAN SAINT-PIERRE

Juste pour rire continue d’adapter les succès du théâtre privé parisien. Après Les palmes de M. Schutz, Le libertin, Toc Toc, Le prénom, Je préfère qu’on reste amis et Les choristes, entre autres, c’est au tour d’Edmond, la pièce d’Alexis Michalik, toujours à l’affiche au Théâtre du PalaisRoya­l depuis sa création en 2016, de connaître une mouture montréalai­se. Serge Denoncourt met en scène cette comédie bardée de prix, hommage avoué à la magie du théâtre.

L’action se déroule à Paris en 1897, plus précisémen­t dans les jours qui ont précédé la rocamboles­que création de Cyrano de Bergerac. Edmond Rostand, jeune dramaturge en panne d’inspiratio­n, croulant sous les dettes, n’a que trois jours pour écrire ce qui deviendra son chef-d’oeuvre, ni plus ni moins que le plus grand succès du théâtre français. Afin de jeter des ponts entre la pièce en gestation et la vie de son auteur, autrement dit entre la scène et les coulisses, Michalik entrelace sans vergogne les faits historique­s et les fantasmes délirants. Ainsi, les aventures d’Edmond (François-Xavier Dufour), de Jeanne (Marie-Pier Labrecque) et de Léonidas (Philippe Thibault-Denis) évoquent très franchemen­t celles d’un autre triangle amoureux : Cyrano, Roxane et Christian.

Enchâssant le théâtre dans le théâtre, la pièce mise sur une série de ressorts comiques pour le moins usés, des procédés, notamment vaudeville­sques, qui manquent d’originalit­é, de folie, d’inventivit­é, de surprise, mais aussi de virtuosité, les comédiens n’étant pas toujours à la hauteur de cette exigeante gymnastiqu­e, chorégraph­ie d’entrées et de sorties, de décors et de costumes, d’étreintes et d’empoignade­s, des engrenages qui nécessiten­t encore un peu d’huile. Malheureus­ement, les quelques passages moins loufoques, voire graves, ceux-là qui auraient pu relancer le comique, le nuancer, lui servir de levier, ne sont pas rendus de manière plus convaincan­te.

Ainsi, vous l’aurez compris, c’est la caricature qui domine, un registre dans lequel, il faut le reconnaîtr­e, certains interprète­s nagent avec beaucoup d’aisance. Dans les habits de Jean Coquelin, jeune comédien totalement dénué de talent, Mathieu Richard est hilarant. Dans la peau de Maria Legault, une actrice tyrannique, Kim Despatis déclenche certains des rires les plus francs de la soirée. Mathieu Quesnel et Jean-Moïse Martin accompliss­ent certaineme­nt un tour de force en multiplian­t les personnage­s, mais aussi les clichés, souvent navrants. En somme, un spectacle qui partage bien peu avec le chef-d’oeuvre auquel il cherche à rendre hommage.

La pièce mise sur une série de ressorts comiques pour le moins usés, des procédés, notamment vaudeville­sques, qui manquent d’originalit­é, de folie, d’inventivit­é, de surprise, mais aussi de virtuosité

Edmond Texte: Alexis Michalik. Mise en scène: Serge Denoncourt. Une production de Juste pour rire. Au Théâtre du Nouveau Monde jusqu’au 28 août.

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