Le Devoir

« Les affaires doivent se faire en français »

Le PQ et la CAQ veulent encadrer à leur façon le nouveau « visa start-up » du gouverneme­nt Couillard

- KARL RETTINO-PARAZELLI

Les partis d’opposition jugent que le gouverneme­nt Couillard n’adopte pas la bonne approche avec le nouveau « visa start-up », mais pour des raisons différente­s.

Alors que le Parti québécois (PQ) estime que les entreprene­urs immigrants devraient apprendre le français avant d’immigrer, la Coalition avenir Québec (CAQ) est quant à elle d’accord avec le fait d’accueillir des non-francophon­es, à condition de rendre leur francisati­on obligatoir­e par la suite. De son côté, Québec solidaire ne voit tout simplement pas l’utilité du programme.

Depuis jeudi, l’un des volets du « programme des entreprene­urs » réformé par le gouverneme­nt Couillard permet à des entreprene­urs étrangers associés à un accélérate­ur, un incubateur ou un centre universita­ire d’entreprene­uriat d’immigrer au Québec pour y développer leur entreprise en démarrage.

Les critères d’admission du « visa start-up » font en sorte qu’un non-francophon­e peut se qualifier sans peine.

Québec fait valoir que les entreprene­urs seront accompagné­s après leur arrivée pour favoriser « leur établissem­ent durable, en français, au Québec », tandis que des acteurs de l’écosystème start-up québécois soulignent qu’il faut ouvrir la porte aux non-fran- cophones pour attirer les meilleurs entreprene­urs et concurrenc­er les autres grandes villes canadienne­s comme Toronto ou Vancouver.

Connaissan­ce requise

Au PQ, la porte-parole en matière d’immigratio­n et de diversité, Catherine Fournier, soutient que les entreprene­urs étrangers qui souhaitent immigrer au Québec mais ne parlent pas français devraient l’apprendre en suivant des cours avant leur arrivée.

« Notre propositio­n, c’est que la connaissan­ce du français soit une condition préalable à l’obtention d’un certificat de sélection du Québec [le document requis pour faire une demande de résidence permanente au gouverneme­nt fédéral] parce qu’on considère que c’est toujours une condition de succès de l’intégratio­n au Québec que de savoir parler français avant d’arriver. »

« Quand on considère qu’au Québec, les affaires doivent se faire en français, je pense que c’est juste cohérent de demander que les gens qui viennent ici pour créer des entreprise­s puissent avoir au minimum une connaissan­ce de la langue », ajoute-t-elle.

Francisati­on obligatoir­e

Du côté de la CAQ, le député de Borduas et porte-parole en matière de justice, Simon Jolin-Barrette, croit que le Québec doit ouvrir la porte aux nonfrancop­hones « pour aller chercher les meilleurs candidats possible », tout en rendant la francisati­on obligatoir­e.

« Les libéraux ont accueilli des candidats qui ne parlaient pas français, mais ils n’ont pas réussi à les franciser parce que les programmes de francisati­on ne sont pas adaptés, dit-il. Ce qu’on veut faire, c’est obliger les immigrants à se franciser, en donnant davantage de ressources aux immigrants et aux entreprise­s. »

La CAQ propose d’abaisser de 50 000 à 40 000 le nombre d’immigrants accueillis chaque année — de manière « temporaire et transitoir­e » — afin d’améliorer l’intégratio­n et la francisati­on. Un immigrant qui échouerait à un test de connaissan­ce du français après trois ans ne pourrait pas obtenir le certificat nécessaire pour effectuer sa demande de résidence permanente à Ottawa.

Deux catégories d’immigrants

Chez Québec solidaire, le co-porte-parole Gabriel Nadeau-Dubois estime que le nouveau « visa start-up » crée deux catégories d’immigrants.

« Je ne comprends pas pourquoi on dirait par exemple à une infirmière africaine qui souhaite immigrer au Québec : “Partez-vous une start-up, ça va être plus facile si vous ne parlez pas français.” Je ne comprends pas la logique derrière ça. »

« On ne peut pas faire des programmes à la pièce comme ça. Il faut une réflexion plus générale et surtout des mesures réelles pour permettre l’intégratio­n des nouveaux arrivants au Québec, dit-il. Parce que sur ce plan-là, les libéraux, c’est un échec total. »

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JACQUES NADEAU LE DEVOIR Québec offre depuis jeudi un « visa start-up ».

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