Trop peu, trop tard
L’adaptation du premier tome de la trilogie des Insoumis annonce une pâle série de films
Comme si on n’avait pas déjà soupé des franchises à la Hunger Games, Divergent et Le labyrinthe, voilà que se pointe timidement au grand écran l’adaptation du premier tome de la trilogie dystopique d’Alexandra Bracken. Bien moins palpitante que des séries du même genre pullulant sur les plateformes numériques, il serait étonnant que Les insoumis pulvérise des records d’entrées. Le jeune public, nourri aux spectaculaires films d’action, de science-fiction et de superhéros, étant exigeant, ce peu substantiel premier volet pourrait bien ne jamais avoir de suite, à l’instar d’À la croisée des mondes. La boussole d’or, drame fantastique pourtant à grand déploiement de Chris Weitz.
Survivante d’une mystérieuse épidémie ayant décimé les jeunes six ans plus tôt, Ruby (Amandla Stenberg, l’adorable Rue de Hunger Games), adolescente dotée de superpouvoirs, parvient à s’échapper d’un camp de détention grâce à l’une de ses employées, Kate (Mandy Moore). Ruby lui file cependant entre les pattes et se lie d’amitié avec trois autres jeunes en cavale qui ont aussi des pouvoirs spéciaux. En fait, les jeunes ayant survécu à la maladie sont des êtres surhumains ayant été classés par couleur selon l’intensité ou la dangerosité de leurs pouvoirs.
Liam (Harris Dickinson) et Chubs (Skylan Brooks) sont des Bleus aux pouvoirs de télékinésie ; la petite Zu, une Jaune, contrôle l’électricité. Quant à Ruby, c’est une Orange qui ne connaît pas encore l’étendue de ses pouvoirs — juste assez pour avoir eu la présence d’esprit de se faire passer pour un membre des inoffensifs Verts, reconnus pour leur grande intelligence. En haut des Oranges trônent les plus dangereux, les Rouges, qui contrôlent le feu tels des dragons. À la recherche d’un endroit où les jeunes vivent dans l’harmonie comme dans une vieille pub de Bennetton, le quatuor disparate rencontre le fils des ÉtatsUnis (Bradley Whitford), Clancy (Patrick Gibson, exécrable), un Orange au sommet de ses pouvoirs.
Après des péripéties peu notables au cours desquelles Ruby dévoilera peu à peu ses pouvoirs, Les insoumis se termine au moment où le film commence à devenir intéressant et que l’on devine le potentiel de la série. Modeste offrande aux sages effets spéciaux de Jennifer Yuh Nelson (Kung Fu Panda 2 et 3), ce premier volet paraît bien pâle aux côtés des franchises à succès citées plus haut. Peu subtil, le récit sur l’affirmation de soi et sur l’éloge de la différence manque tant de tonus que l’on se demande si le scénariste Chad Hodge a bien envoyé la copie finale à la réalisatrice. Après l’insupportable drame sentimental Absolument tout, où elle incarnait une adolescente souffrant d’une déficience immunitaire, Amandla Stenberg démontre qu’elle possède trop peu de charisme et de conviction pour porter Les insoumis sur ses frêles épaules. N’est pas Katnis Everdeen qui veut…
Les insoumis (V.F. de The Darkest Minds)
★★ Drame fantastique de Jennifer Yuh Nelson. Avec Amandla Stenberg, Harris Dickinson, Skylan Brooks, Miya Cech, Patrick Gibson, Bradley Whitford et Mandy Moore. États-Unis, 2018,
104 minutes.