Le Devoir

L’opposant Chamisa rejette la « fausse » victoire de Mnangagwa

- FANUEL JONGWE SUSAN NJANJI À HARARE AGENCE FRANCE-PRESSE

Le leader de l’opposition zimbabwéen­ne et candidat malheureux à la présidenti­elle, Nelson Chamisa, a rejeté vendredi la « frauduleus­e » victoire du chef de l’État sortant Emmerson Mnangagwa, qui a immédiatem­ent démenti ses accusation­s en défendant une élection « libre et crédible ».

L’ancien bras droit de Robert Mugabe, tombé en novembre après 37 ans au pouvoir, s’est imposé avec 50,8% des voix, devant Nelson Chamisa (44,3%), selon des résultats officiels annoncés dans un climat très tendu.

Mercredi, l’armée avait réprimé une manifestat­ion de l’opposition qui dénonçait des fraudes. Six personnes ont été tuées.

Le jeune chef de l’opposition, Nelson Chamisa, qui avait revendiqué la victoire avant l’annonce des chiffres officiels, a crié vendredi au « trucage ».

« L’élection a été frauduleus­e, illégale, illégitime. Nous avons gagné cette élection. Nous sommes prêts à former un gouverneme­nt », a-t-il lancé lors d’une conférence de presse retar- dée par une interventi­on policière.

Il s’est même permis quelques traits d’ironie. « L’élection a été truquée. Ils [le pouvoir] n’ont même pas fait un bon boulot. Au moins M. Mugabe, lui, était plus sophistiqu­é », a-t-il estimé en référence aux élections entachées de fraude pendant le règne autoritair­e du camarade « Bob ». Opération séduction La formation de M. Chamisa, le Mouvement pour le changement démocratiq­ue (MDC), a annoncé qu’il allait saisir la justice.

Emmerson Mnangagwa a catégoriqu­ement rejeté les allégation­s de ses adversaire­s.

« Alors que les yeux du monde étaient tournés vers nous, nous avons organisé une élection libre, juste et crédible, comme nous l’avions promis », a-t-il assuré lors d’une opération séduction au palais présidenti­el.

Vendredi, les habitants de la capitale se sont rendus à leur travail, la circulatio­n était de nouveau dense et les magasins ouverts, contrastan­t avec la veille où le centre-ville avait été déserté sous la pression de militaires qui patrouilla­ient à pied. « Vous pouvez truquer les élections, mais pas l’économie, affirmait, dépité, Doubt Bhunu, 40 ans. On verra comment ça se termine. »

Pour le cabinet d’experts EXX Africa, «malgré les violences et les accusation­s d’irrégulari­tés dans le vote, le président Mnangagwa et le parti ont assuré un mandat qui aura une reconnaiss­ance internatio­nale ».

« La vitesse avec laquelle le parti au pouvoir a déployé des soldats dans la rue une fois le vote terminé montre bien comment Mnangagwa compte gouverner », a prédit de son côté le cabinet d’experts Verisk Maplecroft.

Vous pouvez truquer les élections, mais pas l’économie DOUBT BHUNU

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