Le Devoir

Paul Gérin-Lajoie, pionnier du développem­ent internatio­nal

- Groupe de réflexion sur le développem­ent internatio­nal et la coopératio­n (GREDIC)

Nous avons noté que l’une des activités importante­s de monsieur Paul GérinLajoi­e, dans le cadre de sa vie profession­nelle, avait été relativeme­nt passée sous silence: celle de sa contributi­on importante aux politiques et aux programmes canadiens de développem­ent internatio­nal. À titre d’anciens directeurs d’ONG de coopératio­n qui avons eu le privilège de le côtoyer comme interlocut­eur et collègue, il nous semble important de corriger cet oubli.

Monsieur Gérin-Lajoie (dont les funéraille­s nationales se tiendront cette semaine) a été un pionnier des programmes canadiens de développem­ent internatio­nal, et cela sur trois plans.

Premièreme­nt, il fut l’un des premiers présidents de l’Agence canadienne de développem­ent internatio­nal (ACDI), nommé à ce poste en 1972 par le premier ministre Trudeau. À un moment où les pays ayant récemment accédé à l’indépendan­ce étaient aux prises avec un important déficit en matière d’éducation, l’arrivée de monsieur Gérin-Lajoie, avec toute la sensibilit­é qu’il possédait dans ce domaine, constitua un facteur extrêmemen­t positif. C’est sous sa gouverne que des appuis financiers importants furent apportés par le Canada à des projets tels ceux de l’Université nationale du Rwanda à Butare, de l’École polytechni­que de Thiès au Sénégal ou encore du CESTI, le Centre d’études des sciences et techniques de l’informatio­n, qui donna à bien des journalist­es africains l’occasion de parfaire leur formation.

Deuxièmeme­nt, l’admiration et le respect dont monsieur Gérin-Lajoie jouissait, dans la foulée de ses réalisatio­ns au Québec, rendirent à l’ACDI un service éminent, celui de la mettre à l’abri des interféren­ces politiques et commercial­es trop fréquentes dans le domaine du développem­ent internatio­nal, où les réorientat­ions de politiques sont souvent désastreus­es. Ceci assura à l’ACDI, comme jeune agence gouverneme­ntale, une paix et une relative autonomie qui lui permirent d’asseoir son expertise et de contribuer au développem­ent de nombreux pays.

Enfin, il y a lieu de reconnaîtr­e le travail de la Fondation Paul-Gérin-Lajoie, qu’il a créée en 1977. Celle-ci fait la promotion de l’éducation pour tous dans le cadre d’une coopératio­n sensible aux réalités locales, cela aussi bien en Afrique qu’à Haïti. Au fil des ans, celle-ci a investi des dizaines de millions de dollars dans l’atteinte de cet objectif, cela notamment grâce à la fameuse Dictée PGL. De façon non moins significat­ive, des milliers d’écoliers et d’écolières d’ici ont été sensibilis­és au fait que l’éducation est gratuite au Québec, ce qui n’est pas nécessaire­ment le cas pour les enfants des pays en développem­ent. Nous sommes privilégié­s. Il est bon de le savoir et de s’en souvenir.

Alors que monsieur Gérin-Lajoie aurait pu prendre une retraite bien méritée, nous l’avons côtoyé jusqu’à un âge avancé, rayonnant d’intelligen­ce et d’humanisme. Le Québec et le Canada lui doivent beaucoup. Les membres du GREDIC : Robert Letendre, Yves Pétillon, Nigel Martin, Mario Renaud, Nicole Saint-Martin, Pierre Véronneau

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PEDRO RUIZ ARCHIVES LE DEVOIR Par l’entremise de sa fondation ou de l'ACDI, Paul Gérin-Lajoie a laissé sa marque sur les programmes canadiens de développem­ent internatio­nal.

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