Voyage de l’autre côté du fleuve
Un film présenté à Présence autochtone suit une famille de Kahnawake
Toute proche qu’elle soit de Montréal, la communauté mohawk de Kahnawake demeure un mystère pour bien des Québécois.
Le documentaire Dirt McComber :
Last of the Mohicans, présenté samedi et dimanche au Festival Présence autochtone, qui commence ce mardi à Montréal, permet d’en dévoiler quelques réalités.
Le « dernier des Mohicans », qui donne son nom au film, c’est Dirt McComber, de son vrai nom Eric McComber, un Mohawk de Kahnawake qui vit toujours de la chasse et de la pêche, et qui en fait vivre aussi sa famille de sept enfants.
Passionné de crosse, ce sport aux origines autochtones, McComber est également un entraîneur hors pair, pour sa famille comme pour les autres joueurs de la communauté. C’est d’ailleurs en s’intéressant au sport de crosse que Johann Storkan, la productrice du film, a d’abord rencontré Dirt McComber.
« Je m’intéressais à lui comme entraîneur. Et puis, il s’est mis à me raconter toutes ces histoires à propos de la chasse et de la pêche », raconte la productrice, qui vit en Californie.
Last of the Mohicans, qui n’est pas encore traduit en français, partage donc le quotidien de la famille de Dirt McComber. On y rencontre notamment sa femme Paula, qui cuisine le poisson et la viande, entre autres au moment du grand pow-wow de Kahnawake.
On y fait aussi la connaissance de ses enfants, dont l’un excelle dans la crosse même s’il préfère, au fond de lui-même, le hockey sur glace. Un autre pratique le chant traditionnel autochtone à la radio.
Au beau milieu du tournage, un incident a cependant secoué la famille McComber. Un feu a dévasté le hangar des McComber, où se trouvaient notamment ses 19 congélateurs, tous remplis de viande et de poisson. C’est tout un héritage qui part alors en fumée, puisqu’on y trouvait notamment des leurres donnés par le grand-père McComber.
Aujourd’hui, McComber continue de vendre du poisson, dont de l’esturgeon bien gras, qu’il pêche dans le fleuve, et dont il tire du caviar. Mais il faudrait des années pour remonter une entreprise comme celle qu’il opérait autrefois.
Patrimoine en danger
Joanne Storkan avait au départ comme projet de tourner une sorte de téléréalité, à travers laquelle Dirt McComber voyagerait à travers le Canada pour rencontrer les autres communautés autochtones, et leur faire partager son expérience.
Et rien ne dit que ce projet ne prendra pas forme.
Parce que Dirt McComber a bien conscience que le savoir qu’il cultive est un patrimoine en danger, et qu’il pourrait un jour ne plus être là pour le sauver. « Je suis ici, dit-il. Les gens peuvent venir me voir. Me poser des questions ».
Le Festival Présence Autochtone compte cette année une bonne brochette de longs métrages dans sa programmation. Outre le documentaire
Last of the Mohicans, un autre documentaire, On a Knife Edge, suit le parcours de George Dull Knife, un jeune Lakota de Pine Ridge, qui se joint, aux côtés de sa famille adoptive, à l’American Indian Movement. Le documentaire suit le jeune homme sur une période de cinq ans, à ce moment tournant de sa vie.
Dès mercredi, un colloque international s’ouvrira à la Grande Bibliothèque sur les médias et le cinéma des peuples premiers. Les participants se proposent notamment cette année de mettre l’accent sur la revitalisation linguistique, sur les méthodologies et les politiques du cinéma, ainsi que sur « l’autoreprésentation, l’expression de la souveraineté et la remise en cause des récits coloniaux ».
Dès jeudi, les amateurs pourront faire des dégustations de nourriture amérindienne. Samedi se déroulera le défilé de l’amitié nuestramericana, qui symbolise l’amitié entre les peuples premiers des Amériques, successivement au Square Dorchester et à la place des Festivals.
Le festival prend fin le mercredi 15 août, avec, à la Grande Bibliothèque, une projection sur les femmes des peuples autochtones.