Le Devoir

Saputo en désaccord avec Mulroney

C’est le système de classifica­tion mixte qui pose problème, dit le président du conseil et chef de la direction de l’entreprise

- LIA LÉVESQUE

Le grand transforma­teur laitier Saputo n’est pas d’accord avec l’ancien premier ministre Brian Mulroney, qui prône la fin du système de gestion de l’offre.

« Je ne suis pas d’accord avec M. Mulroney. Lui, il veut abandonner tout le système. Moi, je ne crois pas qu’il faut arriver à ça », a répliqué le président du conseil et chef de la direction de Saputo, Lino A. Saputo fils, à l’issue de l’assemblée annuelle des actionnair­es, mardi à Laval.

M. Mulroney, qui conseille le gouverneme­nt Trudeau dans ses relations avec les États-Unis, ne cesse de prôner la fin du système de gestion de l’offre en retour de compensati­ons financière­s aux agriculteu­rs canadiens. Mais M. Saputo adopte une position plus nuancée. « Je ne suis pas contre le système canadien ; ça fonctionne pour le Canada. »

C’est le système de classifica­tion mixte qu’a adopté le Canada qui pose davantage problème, selon lui. « Depuis deux ans, le Canada a voulu avoir plus de parts du marché mondial, donc ils ont sorti une classe 7. » Elle « donne au Canada l’avantage de la protection des classes 1 à 4 dans le prix et donne un accès au prix internatio­nal avec les surplus dans la classe 7. Donc, ils peuvent compétitio­nner avec le monde entier [avec les surplus]. D’après moi, ce n’est pas juste. Soit on veut avoir un système avec la gestion de l’offre, soit on veut être ouvert au marché internatio­nal », a dit M. Saputo.

D’après lui, ce système mixte n’existe pas ailleurs. «Il faut abandonner la 7. Et je pense que les Américains — pas le président, mais les producteur­s américains — ont raison quand ils disent que le système canadien n’est pas juste », a affirmé M. Saputo.

Par ailleurs, une propositio­n sur les droits de la personne, déposée par BC Union et un groupe appelé SomeofUs, appuyée par le Mouvement d’éducation et de défense des actionnair­es, a été battue à 74 % après un vote secret durant l’assemblée. Cette propositio­n visait à demander à Saputo de déclarer le processus qu’il utilise pour « identifier et analyser en profondeur les risques réels et éventuels de violation des droits de la personne dans l’ensemble de ses activités et de sa chaîne d’approvisio­nnement ». La question de la liberté d’associatio­n (syndicalis­ation) a été évoquée.

Le conseil d’administra­tion s’y opposait, affirmant qu’il s’est déjà doté d’un code d’éthique en la matière. Il est d’ailleurs mentionné dans la circulaire que 72 % des employés de Saputo à l’internatio­nal, principale­ment en Australie et en Argentine, sont syndiqués, 32 % au Canada et 29 % aux États-Unis.

Bénéfice en baisse

Saputo a affiché un bénéfice, au premier trimestre, en baisse de 37 % par rapport à l’an dernier, attribuabl­e à un certain nombre de facteurs négatifs incluant les coûts d’acquisitio­n, les coûts d’exploitati­on, la fluctuatio­n des devises et les prix de certains de ses produits. La société montréalai­se a fait état d’un bénéfice net de 126 millions, soit 32 ¢ par action, pour le trimestre clos le 30 juin, comparativ­ement à celui de 200,3 millions, ou 51 ¢ par action, pour le même trimestre un an plus tôt. Le bénéfice ajusté a retraité à 160,3 millions, ou 41 ¢ par action, par rapport à celui de 51 ¢ par action de l’an dernier. Les revenus ont progressé à 3,27 milliards, alors qu’ils étaient de 2,89 milliards l’an dernier.

L’entreprise a en outre annoncé une augmentati­on de 3,1 % de son dividende trimestrie­l, qui passera à 16,5 ¢ par action.

Saputo a affiché un bénéfice, au premier trimestre, en baisse de 37 % par rapport à l’an dernier

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