Le Devoir

Warhol au Vatican en 2019

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L’an prochain, le Vatican accueiller­a une exposition qui pourrait s’avérer étonnante, mais seulement à première vue. En effet, Andy Warhol, l’artiste pop y sera l’objet d’une exposition spéciale explorant ses liens avec le catholicis­me. Toute sa vie, Warhol a fréquenté l’église, ne serait-ce parfois que pour y faire un bref passage. Mais l’influence du catholicis­me sur le père du pop art est loin de se limiter à cela. Bob Colacello, qui fut éditeur du magazine Interview (fondé par Warhol en 1969), disait de ses portraits de célébrités qu’ils étaient essentiell­ement des icônes pour une société post-religieuse. En fait, les signes de l’enfance religieuse de Warhol se manifestai­ent même jusque dans son entourage de la célèbre Factory. Son compagnon de voyage, photograph­e et ami Christophe­r Makos remarquait un jour que Warhol s’était toujours entouré inconsciem­ment de catholique­s, tout comme lui.

À sa mort, en 1987, on a rappelé que durant les dernières années de sa vie, il avait participé à offrir des repas aux sans-abri de New York, et ce, dans l’anonymat le plus complet. De la même façon, il était alors entouré de jeunes artistes marqués par la religion, qui eux aussi allaient faire leur marque par la suite. Un certain Keith Haring qui, dans sa jeunesse, traversa une période « Jesus freak », puis une certaine… Madonna. Cette même Madonna dont on oublie trop souvent que ses débuts sont étroitemen­t liés au monde de l’art du début des années 1980 à New York. Dans une photo du magazine GQ en 1983, elle y apparaît d’ailleurs (non identifiée) aux côtés de son petit-ami d’alors, le peintre Jean Michel Basquiat.

Après combien d’autres avant lui, Warhol toute sa vie n’a cessé de rappeler une chose fondamenta­le : à savoir qu’un artiste peut soit être un fervent croyant, soit s’opposer faroucheme­nt aux dogmes religieux, mais il ne saurait en aucun cas faire fi de cette même question. Au prix de donner dans un art stérile et qui tourne en rond, comme le répète sans cesse, et à raison, l’historienn­e et féministe non orthodoxe Camille Paglia.

Yvan Petitclerc

Le 8 août 2018

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