Le Devoir

Les nationalis­tes blancs moins nombreux que prévu à Washington |

Le rassemblem­ent Unite the Right convie moins de militants que prévu devant la Maison-Blanche, un an après les incidents de Charlottes­ville

- ANTOINE BOYER THOMAS WATKINS

Une poignée seulement de militants nationalis­tes blancs se sont rassemblés dimanche devant la Maison-Blanche, sous surveillan­ce policière renforcée et face à des centaines de contre-manifestan­ts, un an après les incidents meurtriers de Charlottes­ville.

Ils avaient reçu l’autorisati­on pour un cortège de 400 personnes, mais seule une vingtaine de suprémacis­tes blancs sont arrivés dans l’après-midi au square Lafayette, après avoir marché depuis une station de métro du centre de Washington.

Parmi eux figuraient Jason Kessler, organisate­ur de l’événement et déjà à l’origine du rassemblem­ent de l’an dernier à Charlottes­ville.

Les manifestan­ts ont été accueillis par au moins 300 militants antiracist­es, qui leur ont crié « Honte à vous » et « Partez de ma ville ».

La Ville de Washington avait accordé à l’organisati­on informelle Unite the Right, à l’origine du rassemblem­ent de Charlottes­ville (Virginie), un créneau de 17 h 30 à 19 h 30, mais le groupe de manifestan­ts a quitté les lieux aux environs de 18 h.

Pour empêcher tout contact entre manifestan­ts et contre-manifestan­ts, un important dispositif policier a été mis en place, avec plusieurs artères interdites à la circulatio­n.

Riposte importante

Des centaines de contre-manifestan­ts, dont des antifascis­tes, avaient commencé à se rassembler dès le début de l’après-midi, brandissan­t notamment des pancartes disant « Non aux nazis, non au Ku Klux Klan, non à une Amérique fasciste ».

Certains «disent que la meilleure stratégie, c’est d’ignorer les suprémacis­tes blancs, que nous leur accordons trop d’attention. Mais nous pensons vraiment que ce serait une énorme erreur de laisser des fascistes battre le pavé dans la capitale du pays, sans opposition», a dit à l’AFP Kei Pritsker, 22 ans, une volontaire de Answer Coalition, un groupe antiracist­e.

Un autre contre-manifestan­t, un Américain noir qui a seulement donné son prénom, Jim, a dit avoir le sentiment que les États-Unis étaient plus racistes sous Donald Trump.

« Ça a enhardi les mecs blancs. Quand ils marchent sur le trottoir, leur position, c’est « tu as intérêt à bouger de mon chemin » », a-t-il dit à l’AFP. « C’était subtil, ça ne l’est plus, tu le prends en pleine figure. C’est comme l’Allemagne nazie ».

Unite the Right avait conseillé à ses partisans de n’apporter que des drapeaux américains ou confédérés, et de ne pas répondre «avec colère» aux « provocatio­ns ».

Les armes à feu avaient été interdites sur les lieux de la manifestat­ion, même pour les personnes ayant des permis.

« Pas les bienvenus »

Initiateur de la manifestat­ion de l’an dernier, Jason Kessler avait demandé à défiler de nouveau à Charlottes­ville, mais la municipali­té a refusé.

La petite cité de Virginie, située à moins de 200 km au sud de Washington, ne voulait pas revivre les événements du 12 août 2017.

Après une manifestat­ion pour protester contre le projet de la municipali­té de déboulonne­r une statue du général confédéré Robert E. Lee, des heurts avaient éclaté entre suprémacis­tes blancs et contre-manifestan­ts.

Un sympathisa­nt néonazi avait alors foncé en voiture dans une foule de manifestan­ts

Initiateur de la manifestat­ion de l’an dernier, Jason Kessler avait demandé à défiler de nouveau à Charlottes­ville, mais la municipali­té a refusé

antiracist­es, tuant une jeune femme de 32 ans, Heather Heyer, et faisant 19 blessés.

Dans un entretien à la radio publique NPR diffusé vendredi, Jason Kessler avait exprimé le souhait que l’événement de dimanche soit «apaisé» et pris publiqueme­nt ses distances avec la mouvance néonazie.

« Je ne veux pas de néonazis à mon rassemblem­ent », avait-il assuré. « Ils ne sont pas les bienvenus. » Il a néanmoins expliqué vouloir défendre les droits de la population blanche, qu’il estime « sous-représenté­e ».

Le militant a également repris à son compte la théorie générale de l’auteur américain Charles Murray, pour qui les capacités intellectu­elles sont fonction de l’origine ethnique.

La fille du président, Ivanka Trump, a, de son côté, écrit sur Twitter qu’il n’y avait « pas de place pour le suprémacis­me blanc, le racisme et le néonazisme dans notre grand pays ».

Elle est ainsi allée plus loin que son père, qui avait dit samedi « condamner tous les types de racisme et actes de violence», mais sans désigner l’extrême droite ou les néonazis.

À Charlottes­ville, même si aucune manifestat­ion n’a été autorisée, les autorités ont pris d’importante­s mesures de sécurité, après avoir été débordées lors des heurts du 12 août 2017.

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ALEX BRANDON ASSOCIATED PRESS L’organisate­ur de l’événement, Jason Kessler, s’adresse aux médias et à une vingtaine de sympathisa­nts de la droite nationalis­te.

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