Une présidentielle marquée par la violence au Mali
Les résultats du scrutin sont attendus dans quatre ou cinq jours
Les Maliens ont participé dimanche sans enthousiasme au second tour de la présidentielle qui devrait consacrer à nouveau Ibrahim Boubacar Keïta et qui a été marqué par des accusations de fraude et des violences au cours desquelles un agent électoral a été tué.
Les bureaux de vote n’ont pas connu de forte affluence, selon des journalistes de l’AFP et des observateurs, qui évoquaient une météo pluvieuse, les risques de violences ou encore le manque de suspense. Ils ont commencé à fermer à 18 h (14 h au Québec) et les opérations de dépouillement ont débuté.
Les résultats de ce scrutin, le deuxième depuis l’intervention française qui avait mis en déroute les djihadistes dans le nord du pays en 2013, sont attendus dans les quatre ou cinq jours.
Le vainqueur du duel entre le président sortant Ibrahim Boubacar Keïta, dit «IBK», et l’opposant Soumaïla Cissé, entrera en fonction début septembre, avec la lourde tâche de relancer l’accord de paix conclu en 2015 avec l’ex-rébellion à dominante touareg, dont l’application accumule les retards.
L’élection, déterminante pour l’avenir du Sahel, a été émaillée de violences, dont la plus grave a eu lieu au sud de Tombouctou, dans la localité d’Arkodia où le président d’un bureau de vote a été tué par balles par des djihadistes présumés, venus « interdire le vote ».
Dans cette même région, où les groupes islamistes frappent régulièrement face à un État absent, « des hommes armés sont venus et ont emporté tout le matériel électoral au bord du fleuve et l’ont incendié », a dit un habitant du village de Kiname.
La «menace sécuritaire» a ainsi empêché ou perturbé le vote dans « au moins une centaine » de bureaux, selon les quelque 2000 observateurs du Pool d’observation ci- toyenne du Mali (POCIM). Au premier tour, le 29 juillet, quelque 250 000 Maliens n’avaient pas pu voter en raison des violences.
Fraudes alléguées
Le président candidat et son adversaire se sont livrés à une passe d’armes sur la fraude électorale.
Selon le camp de M. Cissé — qui se disait toutefois « confiant » en votant —, des bulletins de vote ont « circulé » en dehors des circuits normaux depuis plusieurs jours, preuve que des bourrages d’urnes étaient en préparation.
Ibrahim Boubacar Keïta a répliqué en dénonçant des « manoeuvres » de l’opposition visant à faire « croire que nous serions dans une logique de fraude». «Comment frauder quand on a l’assurance de l’estime de son peuple ? », s’est-il interrogé.
Les observateurs de l’UE, premier bailleur international du Mali, ont, cette fois, pu se déployer à Gao, mais toujours pas à Tombouctou et à Kidal, ni à Mopti.
Au premier tour, près de 250 000 Maliens n’avaient pas pu voter en raison des violences