Le Devoir

Les affronteme­nts se poursuiven­t à Ghazni

Malgré la confiance des troupes afghanes, les talibans résistent

- ZAKERIA HASHIMI

Les talibans ont continué de résister dimanche aux forces afghanes pour la troisième journée consécutiv­e à Ghazni, dans l’est de l’Afghanista­n, malgré la confiance affichée par les autorités sur leur capacité à reprendre le contrôle.

S’exprimant devant la presse dimanche en après-midi, le chef d’état-major afghan, le général Sharif Yaftali, a assuré que « les forces de sécurité afghanes étaient en mesure de défendre Ghazni et de ramener la paix et la sécurité dans la ville ».

« Nous espérons changer la donne dans les deux jours » a-til indiqué, affirmant que les « points stratégiqu­es » de la ville étaient sous contrôle, ce qu’a démenti un responsabl­e local. « Les opérations de nettoyage se poursuiven­t, notre priorité est de dégager les voies principale­s. »

Les forces américaine­s participai­ent aux combats, avec au moins dix frappes aériennes dimanche, selon un porte-parole des forces américaine­s en Afghanista­n.

Juste avant l’offensive sur Ghazni, une délégation de talibans, dirigée par le responsabl­e de leur bureau politique au Qatar, Muhammad Abbas Stanekzai, s’est rendue en Ouzbékista­n pour évoquer le processus de paix et le retrait des forces étrangères, ont par ailleurs rapporté dimanche des sources officielle­s.

« Ce type de réunion va se poursuivre jusqu’à l’ouverture de vrais pourparler­s de paix », a commenté dimanche le porteparol­e du haut conseil afghan pour la paix, Sayed Ehsan Taheri, joint par l’AFP.

Samedi, le gouverneme­nt s’était montré confiant en affirmant avoir repris « le contrôle » de Ghazni, ville de 280 000 habitants à deux heures au sud de la capitale, sur l’axe principal reliant Kandahar à Kaboul.

Mais avec les bilans humains désastreux qui commencent à circuler et évoquent, sans qu’il soit possible de les confirmer de source indépendan­te, des dizaines de morts et de blessés parmi les forces de l’ordre et les civils, le silence du président Ashraf Ghani fait l’objet de vives critiques.

« Catastroph­e humanitair­e »

Le chef adjoint du conseil provincial, Amanullah Kamrani, a affirmé que « seuls le QG de la police, le bureau du gouverneur et quelques départemen­ts publics de Ghazni sont contrôlés par le gouverneme­nt, le reste est aux mains des talibans ».

« Il y a des dizaines de morts et de blessés, les gens se soignent chez eux ou dans les cliniques » a-t-il poursuivi. « La situation est chaotique et difficile pour les habitants », a poursuivi M. Kamrani.

« Il est difficile de trouver à manger et de l’eau ; si le gouverneme­nt et l’OTAN n’intervienn­ent pas, on est au bord d’une catastroph­e humanitair­e ».

Interrogé sur la chaîne de télévision afghane Tolo News, un habitant de Ghazni, Rahmatulla­h Andar, a indiqué que « des combats intenses sont toujours en cours en ville, il n’y a toujours pas d’électricit­é et les réseaux téléphoniq­ues sont coupés » — seule une compagnie a réussi à maintenir son service, a précisé le correspond­ant de l’AFP sur place.

Les insurgés, arrivés en grand nombre jeudi soir dans Ghazni, avaient annoncé avoir fait venir des renforts de provinces plus au sud, Zabul et Helmand.

Selon le chef de la police locale, Farid Ahmad Marshal, les talibans ont lancé leur assaut jeudi soir entre 23 h et minuit, en attaquant les barrages de sécurité qui ceinturent la ville.

Les élus de Ghazni indiquent avoir alerté à plusieurs reprises les autorités sur les risques d’un assaut des insurgés. Dimanche pourtant, le président Ghani n’a pas mentionné une seule fois la situation à Ghazni au fil d’un discours de 45 minutes.

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