Le Devoir

Le premier ministre irakien annule sa visite en Iran

Des tensions ont été ravivées après que l’Irak eut décidé d’appliquer les sanctions américaine­s contre son voisin

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Il s’agit d’une attitude déloyale envers la position honnête de l’Iran MOUJTABA ALHUSSEIN

Le premier ministre irakien, Haider al-Abadi, a annulé sa visite à Téhéran « en raison d’un calendrier chargé », a indiqué son bureau dimanche, le jour où le chef du gouverneme­nt a été violemment critiqué par l’Iran sur sa position concernant les sanctions américaine­s.

Mardi, M. Abadi, dont le pays est l’allié des États-Unis et de l’Iran, deux pays ennemis, a déclaré qu’il allait à contrecoeu­r appliquer les sanctions américaine­s contre son grand voisin iranien. « Nous ne soutenons pas les sanctions, car elles sont une erreur stratégiqu­e, mais nous sommes contraints de les respecter. »

La visite de M. Abadi à Téhéran était prévue mercredi, au lendemain d’un autre déplacemen­t en Turquie, mais son bureau de presse a annoncé dimanche qu’elle avait été annulée « en raison d’un calendrier chargé ». Il se rendra uniquement en Turquie, a dit à l’AFP ce bureau sans autres précisions.

Le jour même, le représenta­nt à Bagdad de l’ayatollah Ali Khamenei, guide suprême d’Iran, a lancé un véritable réquisitoi­re contre M. Abadi.

« Les propos irresponsa­bles [de M. Abadi] ont déjà été condamnés par beaucoup. Il s’agit d’une attitude déloyale envers la position honnête de l’Iran et du sang des martyrs que ce pays a versé pour défendre la terre d’Irak face au groupe État islamique », a dit Moujtaba al-Hussein dans un communiqué.

Il faisait référence à l’aide militaire de l’Iran dans la « victoire » de l’Irak contre l’organisati­on djihadiste.

Défaite psychologi­que

« Nous sommes attristés par cette position, qui montre que [M. Abadi] est défait psychologi­quement face aux Américains », a poursuivi le responsabl­e iranien. Plus tôt à Téhéran, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères Bahram Ghassemi, a dit à l’agence semi-officielle ISNA, qu’il n’avait « reçu jusqu’à présent aucune notificati­on officielle d’une visite » de M. Abadi en Iran.

Pris en tenaille entre ses deux alliés américain et iranien, l’Irak est la première victime des sanctions de Washington contre l’Iran qui pourraient le priver de biens vitaux et même de milliers d’emplois.

L’autre partenaire commercial de l’Irak, la Turquie a aussi maille à partir avec les États-Unis et sa monnaie a subi une chute brutale de sa valeur face au dollar.

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