L’humour de Michelle Blanc passe mal
La candidate péquiste, qui invitait à « voter blanc », a été la cible de critiques
Michelle Blanc se présente comme une spécialiste des médias sociaux et donne des ateliers sur comment y « rédiger de façon stratégique ». Ce qui n’a pas empêché la candidate péquiste dans Mercier de soulever un petit tollé dimanche avec la publication d’un message qui se voulait humoristique, mais qui a choqué.
« Les gens qui veulent voter “blanc”, retenez que mon prénom, c’est Michelle», a écrit Mme Blanc sur son compte Twitter. Le message n’est pas passé comme une lettre à la poste : après moult critiques (et de nombreuses autres tentatives de faire des jeux de mots avec « blanc »), la candidate a supprimé le trait d’esprit électoral.
Plusieurs y ont vu en effet une allusion raciste — notamment parce que la candidate de Québec solidaire dans cette circonscription, Ruba Ghazal, est une Québécoise d’origine palestinienne.
Mme Blanc n’en revenait toujours pas lundi. « On est dans une époque de novlangue, et il semble que voter blanc veut maintenant dire voter caucasien », a-t-elle indiqué en entretien au Devoir. « Ça fait des milliers d’années que voter blanc veut dire annuler son vote ou s’abstenir. [Le député solidaire] Amir Khadir a suggéré aux Français de voter blanc plutôt que Macron l’an dernier [en point de presse à l’Assemblée nationale]. Sauf que, voilà, cette semaine, la gauche radicale trouve que ça veut dire être raciste. »
Jeu de mot
Michelle Blanc explique qu’elle voulait «faire un jeu de mots», et soutient que « bien des gens ont trouvé ça extrêmement brillant ». Elle situe son message dans la lignée de la nouvelle campagne de publicité du Parti québécois, dont le ton se veut humoristique. « Le parti a suggéré aux gens de faire des blagues sur le PQ. Ça inclut les candidats », dit-elle.
La candidate — qui avait aussi utilisé Twitter pour annoncer son intention de se lancer en politique ce printemps, puis pour dévoiler le nom de la formation qu’elle représenterait et enfin pour dire dans quelle circonscription elle tenterait sa chance — estime qu’il serait « ridicule » qu’elle ne puisse pas « dire “Votez Blanc”. C’est mon nom ! Est-ce qu’on va empêcher Manon Massé [députée de Québec solidaire] de dire “Votez Massé” parce que ça sous-entendrait que c’est une référence aux massothérapeutes ? »
« Je n’ai pas eu conscience que mon nom était devenu tabou, poursuit-elle. Ça va mal si tu ne peux pas mettre ton nom sur une pancarte en politique. »
Au Parti québécois, on indique trouver « décevant de constater que plu- sieurs aient perçu une référence ethnique » dans le message de Michelle Blanc. «Il semble que certains ne connaissent pas l’expression “vote blanc”, qui signifie “annuler son vote”», constate-t-on.
Paradoxe
« C’est un message qui se situe sur le terrain glissant de l’humour, observe pour sa part Olivier Turbide, professeur au Département de communication sociale et publique de l’UQAM. Ce ne sont pas tous les politiciens qui peuvent manier ça. D’autant qu’on sait tous que, sur les réseaux sociaux, les adversaires nous surveillent de près. »
Le jeu de mots tenté par Michelle Blanc « suppose que les gens ont cette culture politique du vote en blanc, mais on est dans une zone grise : ça peut être interprété dans une dimension plus raciste », souligne-t-il.
Plus largement, Olivier Turbide trouve le cas révélateur d’un paradoxe. « On voudrait des politiciens sans langue de bois, mais on surveille la moindre faute. »
Quant à Michelle Blanc, elle dit avoir appris de l’épisode qu’elle soumettra dorénavant à son équipe tout message «qui pourrait être interprété» d’une manière inattendue.