Le Devoir

Justin Trudeau tente de nuancer sa position

- MIA RABSON À OTTAWA LA PRESSE CANADIENNE

Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, dit vouloir améliorer les relations de son gouverneme­nt avec l’Arabie saoudite, mais il ne sacrifiera pas pour autant la position du Canada sur les droits de la personne, a-t-il nuancé.

M. Trudeau a fait ces commentair­es un peu plus d’une semaine après que l’Arabie saoudite eut suspendu ses relations diplomatiq­ues avec le Canada et expulsé l’ambassadeu­r canadien, dans la foulée d’une série de micromessa­ges du gouverneme­nt canadien critiquant l’arrestatio­n de certains militants des droits des femmes dans le royaume.

« Nous continuons à faire preuve de diplomatie, mais, comme je l’ai dit, le Canada sera toujours très clair dans sa défense des droits de la personne », a déclaré M. Trudeau lundi, lorsqu’il a été questionné sur le litige diplomatiq­ue.

Les micromessa­ges en cause ont été publiés il y a dix jours par la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, et son ministère. Ceux-ci exhortaien­t le gouverneme­nt saoudien à libérer immédiatem­ent plusieurs militants.

L’Arabie saoudite a depuis annulé les bourses d’études de près de 15 000 étudiants saoudiens dans les collèges et université­s canadiens, cessé les vols directs du transporte­ur aérien saoudien, bloqué les nouveaux accords commerciau­x avec les entreprise­s canadienne­s et interdit l’importatio­n de blé canadien.

Un porte-parole de la ministre Freeland a affirmé qu’elle essayait toujours d’obtenir plus de précisions du gouverneme­nt saoudien sur ces mesures — des précisions qui n’ont toujours pas été apportées près d’une semaine après le début du conflit.

Mme Freeland a eu une conversati­on téléphoniq­ue avec le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel al-Jubeir, mardi et des responsabl­es des deux pays ont été en contact depuis, a souligné le porte-parole de la ministre.

Il n’est pas prévu que Mme Freeland contacte elle-même les responsabl­es saoudiens, mais cette possibilit­é n’est pas totalement exclue, a ajouté le porte-parole.

Critiques d’un ancien ministre

Le gouverneme­nt Trudeau n’a toutefois pas réagi aux propos de l’ancien ministre conservate­ur des Affaires étrangères John Baird, qui l’a critiqué pour ses micromessa­ges «moralisate­urs». Selon M. Baird, M. Trudeau devrait se rendre lui-même à Riyad pour s’excuser.

« Pour le Canada, traiter un ami et un allié de cette façon s’est avéré incroyable­ment inutile et décevant», a déploré M. Baird, en entrevue avec la chaîne de télévision saoudienne Al Arabiya. Si le Canada avait des préoccupat­ions, il aurait dû les soulever directemen­t avec l’Arabie saoudite, pas en public, a-t-il ajouté.

M. Baird avait lui-même critiqué publiqueme­nt le gouverneme­nt saoudien pour le traitement réservé au blogueur Raïf Badawi en 2012.

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