La monnaie virtuelle à impact social disponible dès octobre
Impak Finance vient de conclure une campagne de financement de 1,1 million de dollars
La fintech québécoise Impak Finance, qui s’est fait connaître l’an dernier en lançant une nouvelle monnaie virtuelle à impact social, annoncera ce mardi la clôture d’une campagne de financement de 1,1 million de dollars. Grâce à cet ajout de capitaux, les Québécois pourront commencer à utiliser la cryptomonnaie à la fin du mois d’octobre, a appris Le Devoir.
La jeune entreprise établie à Montréal rendra public mardi l’appui financier d’Anges Québec, d’Anges Québec Capital et d’investisseurs privés canadiens et français. La liste de ces investisseurs comprend notamment Claude Chagnon, chef de la direction de la Fondation Lucie et André Chagnon, et Daniel Paillé, économiste de formation, qui a été ministre de l’Industrie et du Commerce sous le gouvernement péquiste de Jacques Parizeau et plus récemment chef du Bloc québécois.
« C’est le premier investissement institutionnel, donc c’est significatif », affirme Paul Allard, cofondateur et président-directeur général d’Impak Finance. Cette campagne de financement s’ajoute aux 900 000 $ injectés par les fondateurs en 2016, aux 700 000 $ obtenus la même année à la suite d’une campagne de sociofinancement et au 1,4 million récolté l’an dernier lors de la prévente de la monnaie virtuelle d’Impak Finance, l’Impak Coin.
Cette monnaie virtuelle destinée à l’économie d’impact est devenue l’an dernier la première cryptomonnaie à recevoir l’aval des autorités canadiennes en valeurs mobilières.
« Notre projet requiert énormément de capitaux : développer la technologie, faire du marketing, ça se compte en dizaines de millions de dollars. Ce que [la campagne de financement] nous permet de faire aujourd’hui, c’est de lancer un pilote à Montréal cet automne, explique M. Allard. Nous sommes observés par plusieurs fonds d’investissement et plusieurs institutions financières, qui vont regarder ça avec beaucoup d’intérêt. »
Début des transactions
Dès la fin du mois d’octobre, il sera possible d’accumuler et d’échanger des Impak Coin par l’entremise d’une application mobile développée par Impak Finance.
Les 2266 personnes qui ont acquis des Impak Coin l’an dernier lors de la prévente pourront commencer à les utiliser dans des entreprises montréalaises qui se distinguent par leur impact social ou environnemental. Celles qui n’en ont pas encore pourront commencer à les accumuler en téléchargeant l’application et en recevant des unités en guise de récompense lorsqu’elles effectueront un achat dans une de ces entreprises accréditées.
Les Impak Coin récompensent les gens qui font de la consommation responsable. Ça devient un choix de vie. Notre objectif n’est pas de remplacer le dollar canadien. C’est simplement d’attirer le plus grand nombre de dollars canadiens vers l’économie réelle d’impact.
PAUL ALLARD
Près de 8000 utilisateurs ont créé leur compte en vue d’accumuler et d’utiliser des Impak Coin. Les fondateurs d’Impak Finance et les utilisateurs de la plateforme ont proposé environ 11 000 entreprises, pour la plupart situées à Montréal, à Québec et à Paris, lesquelles pourront se qualifier prochainement pour obtenir le titre d’entreprise d’impact.
Jusqu’à maintenant, près de 300 compagnies — surtout montréalaises — sont passées par ce processus. C’est avec ces entreprises que les utilisateurs pourront faire affaire cet automne pour dépenser leurs Impak Coin ou en accumuler sous forme de récompenses.
Loop, qui vend des jus faits à partir des surplus de l’industrie alimentaire, BIXI, l’auberge Le Baluchon et le cabinet de services juridiques NOVAlex figurent notamment sur la liste.
« Les Impak Coin récompensent les gens qui font de la consommation responsable. Ça devient un choix de vie », résume M. Allard. Notre objectif n’est pas de remplacer le dollar canadien. C’est simplement d’attirer le plus grand nombre de dollars canadiens vers l’économie réelle d’impact. »
Retard accumulé
Il y a un an, au moment de lancer la prévente des Impak Coin, M. Allard prévoyait que les utilisateurs pourraient utiliser la cryptomonnaie à partir du printemps 2018. Le retard accumulé s’explique surtout par l’ampleur de la tâche à accomplir, ditil aujourd’hui.
«Il y a eu des partenaires avec lesquels ç’a été plus long à signer, des défis technologiques qui ont pris plus de temps à relever. C’est un gros défi auquel on s’attaque. »
Pendant que les utilisateurs québécois mettront à l’épreuve la plateforme développée par Impak Finance, les Européens pourront acheter des Impak Coin à l’occasion d’une deuxième ICO (« Initial Coin Offering ») lancée en France le 25 octobre. « L’argent qu’on va récolter va servir au développement et au lancement de la plateforme en Europe », précise M. Allard.
Comme le Bitcoin, la monnaie virtuelle la plus connue d’entre toutes, l’Impak Coin s’appuie sur la technologie décentralisée du blockchain, ce qui permet d’effectuer des transactions sans passer par un intermédiaire.
Pour éviter la spéculation et la volatilité souvent associées aux cryptomonnaies, la valeur de l’Impak Coin, qui sera au départ de 1 $ CAN, sera cependant revue chaque trimestre, selon l’offre et la demande.
En plus de l’Impak Coin, Impak Finance souhaite à terme lancer une banque entièrement consacrée à l’économie d’impact, qui permettrait de financer des projets de plus grande envergure.