L’élection et le menu constitutionnel
À l’ère du manger mou constitutionnel, l’élection prochaine risque d’offrir un menu diète à ceux et à celles qui ont un appétit pour une affirmation québécoise au banquet des nations. Si la tendance se maintient, les préoccupations légitimes du Québec en cette matière risquent de passer sous la table des chefs.
Évidemment, Philippe Couillard aimerait bien revenir aux beaux jours des scrutins référendaires qui lui permettaient d’offrir une table d’hôte bien adaptée à sa clientèle anglophone, en cassant du sucre sur les méchants séparatistes. Néanmoins, il fera tout en son pouvoir pour cuisiner son adversaire caquiste dans un bouillon de controverses, pour en extraire la moelle de son passé souverainiste. Imbu d’une fidélité indéfectible à la cause fédéraliste, il continuera à offrir des horsd’oeuvre, souvent sans saveurs québécoises, avec un arrière-goût canadien.
De son côté, François Legault, qui aspire à récolter la cote cinq étoiles pour son éventuelle entrée à l’Hôtel du gouvernement, nous offrira un buffet avec des mets allégés dont il connaît bien le secret. Pour ce faire, il puisera dans le folklore nationaliste pour mettre d’anciennes recettes au goût du jour. Cependant, si sa mixture constitutionnelle colle au fond et que le tout tourne au vinaigre, son repas risque d’être indigeste pour une clientèle désabusée.
Quant au PQ , son chef a abandonné, pour le moment, son plat vedette qui constituait l’élément principal de sa réussite culinaire. Ce faisant, il a perdu l’essence même de son identité en ouvrant la porte à une restauration rapide au détriment d’une gastronomie exigeante et libre. Néanmoins, son menu demeure intéressant en suggérant des nouveautés qui répondent aux besoins d’une clientèle affamée de changements.
Enfin, les chefs de Québec solidaire, cantonnés dans une recherche de mets à la sauce minoritaire et multiculturelle, proposent un éventail de recettes idéalistes, souvent pertinentes, mais qui requièrent un changement constitutionnel qui est pour le moment absent du menu électoral.
Face à la mollesse de Couillard, au mirage de Legault et à la surdité de Trudeau en matière constitutionnelle, ne faudrait-il pas se nourrir des vraies affaires et se questionner sur la pertinence de ce fédéralisme canadien en profitant de cette grande bouffe électorale à laquelle nous convie la démocratie ? Marcel Perron Neuville, le 14 août 2018