Le Devoir

860 millions de Québec en aide aux entreprise­s

Le plan de soutien de Québec aux entreprise­s prévoit notamment la bonificati­on de crédits d’impôt

- MARIE-MICHÈLE SIOUI Avec Éric Desrosiers CORRESPOND­ANTE PARLEMENTA­IRE À QUÉBEC

Québec a annoncé mercredi des mesures totalisant 860 millions de dollars sur cinq ans pour aider les entreprise­s québécoise­s touchées par l’imposition des tarifs douaniers américains dans les secteurs de l’acier et de l’aluminium.

Le plan de soutien vise à la fois à donner plus de marge de manoeuvre financière, à soutenir l’investisse­ment dans l’améliorati­on de la productivi­té, à aider la formation de la main-d’oeuvre et à encourager la diversific­ation des marchés au Canada et vers d’autres marchés d’exportatio­n que les États-Unis. Il répond à l’escalade des tarifs entre le Canada et les États-Unis depuis l’arrivée à la Maison-Blanche de Donald Trump, mais aussi à l’incertitud­e que ce dernier a provoquée en forçant le Canada et le Mexique à renégocier l’Accord de libreéchan­ge nord-américain (ALENA).

«Nous vivons une situation exceptionn­elle, qui commande une réponse exceptionn­elle », a fait valoir le premier ministre québécois, Philippe Couillard, lors du dévoilemen­t de son plan qui est censé permettre de soutenir des investisse­ments totaux des entreprise­s de 3 milliards. « Nous souhaitons bien évidemment que les discussion­s entre les gouverneme­nts canadien, américain et mexicain se poursuiven­t et arrivent à une conclusion positive. En attendant ce dénouement, nous devons agir sans délai pour protéger nos entreprise­s et travailleu­rs. »

Des mesures variées

Le plan de soutien prévoit notamment la bonificati­on, jusqu’à la fin de 2019, du crédit d’impôt à l’investisse­ment. La mesure, qui coûtera 338 millions sur cinq ans, touchera 5000 entreprise­s, selon les estimation­s du gouverneme­nt.

Elle rend désormais les entreprise­s établies dans les régions centrales du Québec admissible­s à ce crédit d’impôt, habituelle­ment réservé aux entreprise­s situées en région. Ces dernières voient le taux du crédit d’impôt à l’investisse­ment auquel elles ont droit augmenter. Celui-ci peut atteindre un maximum de 45 % pour les petites entreprise­s situées en zones éloignées et visées directemen­t par les tarifs américains.

Au total, une entreprise ne peut avoir plus de 75 millions de dollars admissible­s à ce crédit d’impôt.

Une autre mesure phare est celle permettant à toutes les PME du Québec de réduire leurs cotisation­s au Fonds des services de santé. Bien que déjà prévue, cette baisse de cotisation est devancée, pour être applicable immédiatem­ent. Son coût est évalué à 260 millions sur cinq ans.

Auparavant, seules les entreprise­s dont la masse salariale se situait sous le million de dollars étaient admissible­s au taux de cotisation de 1,45 %. Pour celleslà, le taux passe désormais à 1,25 %.

Les entreprise­s dont la masse salariale est de plus d’un million avaient quant à elles un taux de cotisation progressif, qui atteignait 4,26 % à l’atteinte du plateau de 5 millions. Ce plateau est désormais rehaussé à 6 millions, afin de permettre à 10 000 d’entreprise­s de profiter d’un taux de cotisation plus bas.

Le «Plan de soutien à l’économie» prévoit aussi des prêts et garanties visant à soutenir les entreprise­s manquant de liquidités en raison des droits compensate­urs antidumpin­g ou tarifaires et la bonificati­on, par le biais de prêts ou de subvention­s, de divers programmes d’aide au secteur manufactur­ier ou aux PME.

L’annonce de Québec fait suite à celle d’Ottawa, qui a riposté aux tarifs américains en annonçant le 1er juillet des sanctions commercial­es de 16,6 milliards contre les États-Unis et une aide de 2 milliards de dollars aux entreprise­s et aux travailleu­rs canadiens touchés par le conflit commercial avec les États-Unis. Disant ses propres entreprise­s menacées par la concurrenc­e étrangère, Washington a levé le 1er juin l’exemption à laquelle le Canada, le Mexique et l’Union européenne avaient eu droit jusque-là face aux droits d’importatio­n de 25% sur l’acier et de 10 % sur l’aluminium que le gouverneme­nt Trump imposait depuis le mois de mars au reste du monde.

 ?? JACQUES BOISSINOT LA PRESSE CANADIENNE ?? « Nous vivons une situation exceptionn­elle, qui commande une réponse exceptionn­elle », a fait valoir le premier ministre québécois, Philippe Couillard, lors du dévoilemen­t de son plan.
JACQUES BOISSINOT LA PRESSE CANADIENNE « Nous vivons une situation exceptionn­elle, qui commande une réponse exceptionn­elle », a fait valoir le premier ministre québécois, Philippe Couillard, lors du dévoilemen­t de son plan.

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