Le Devoir

Trump révoque l’habilitati­on secret défense de l’ex-chef de la CIA John Brennan

- ANDREW BEATTY À WASHINGTON

Le président américain, Donald Trump, a révoqué l’habilitati­on secret défense de l’ancien chef de la CIA John Brennan, un ex-proche conseiller du président démocrate Barack Obama fréquemmen­t critique du milliardai­re républicai­n.

Cette habilitati­on, dont la révocation a été annoncée mercredi par la porte-parole de l’exécutif, Sarah Sanders, donne aux hauts responsabl­es qui en bénéficien­t accès à des informatio­ns critiques et confidenti­elles, même après avoir cessé leurs fonctions.

Mme Sanders a lu un communiqué de M. Trump dans lequel il justifiait sa décision par « les risques faisant courir la conduite et le comporteme­nt erratiques » de John Brennan.

« Historique­ment, les anciens chefs du renseignem­ent et des agences de sécurité étaient autorisés à conserver un accès aux informatio­ns classées secret défense », a-t-elle rappelé, soulignant que cette tradition est désormais remise en cause.

« M. Brennan a des antécédent­s qui jettent un doute sur son objectivit­é et sa crédibilit­é », a assuré Mme Sanders.

John Brennan a réagi en évoquant une décision « faisant partie d’une volonté plus large de supprimer la liberté d’expression et de punir les critiques ».

L’ancien patron de la CIA a condamné un « abus de pouvoir » du président américain.

« Si les habilitati­ons secret défense venaient à devenir un outil politique dans les mains d’individus comme M. Trump, cela enverrait je pense un message très inquiétant aux membres actuels du gouverneme­nt, peut-être aux anciens responsabl­es qui bénéficien­t toujours de leur habilitati­on, ainsi qu’à la prochaine génération de profession­nels du renseignem­ent et de la sécurité nationale», a-t-il déclaré sur MSNBC.

Diversion

Avec ces annonces mercredi, la Maison-Blanche a peut-être tenté de faire diversion, le président étant empêtré dans une polémique déclenchée par une ancienne conseillèr­e en relations publiques, Omarosa Manigault-Newman, qui a dressé ces derniers jours le portrait acide d’un Donald Trump « raciste » et « misogyne ».

Le sénateur démocrate Mark Warner a ainsi dénoncé une stratégie de « détourneme­nt de l’attention» doublée d’un « dangereux précédent » visant à punir les personnes critiques du président.

Ancien patron de la CIA de 2013 à 2017, John Brennan reste une voix respectée sur l’échiquier politique américain, se montrant en même temps peu avare en critiques de M. Trump.

Le mois dernier, il avait éreinté le locataire de la Maison-Blanche après sa rencontre à Helsinki avec son homologue russe, Vladimir Poutine, au cours de laquelle le milliardai­re américain avait adopté une posture conciliant­e vis-à-vis du maître du Kremlin.

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