Le retour de Notre-Dame de Paris
Quelque 20 ans après sa création, le spectacle revient en tournée au Québec
C’était soir de grande première mardi pour Notre-Dame de Paris, qui amorçait samedi dernier une tournée qui passera par Trois-Rivières, Sherbrooke et Montréal avant de s’installer à Ottawa. C’était soir de première pour un spectacle musical qui roule sa bosse un peu partout dans le monde depuis 1998, et qui revient au Québec pour la première fois en vingt ans. Et il n’est pas reçu avec indifférence.
Jamais vu pareille réaction du public qui, même après avoir applaudi à tout rompre chacune des chansons interprétées au fil d’un spectacle de plus de deux heures, ne se résignait pas à taire son enthousiasme pour laisser les artistes regagner leurs coulisses. Il faut croire Daniel Lavoie, qui a repris le rôle de Frollo en 2016, lorsqu’il dit : « J’ai vu les gens se lever pour nous applaudir en France, en Italie, en Pologne, mais je n’ai jamais ressenti ailleurs une électricité comme celle que l’on ressent à Québec. »
Et ce ne sont pas les gens qui emplissaient la salle Louis-Fréchette du Grand-Théâtre de Québec mardi qui le feront mentir. Après des nuées d’applaudissements, il a fallu que le poète Gringoire (Richard Charest), qui tient justement la voix du juste milieu pendant tout le spectacle, s’avance vers le public pour le ramener à la raison et, surtout, pour l’inviter à quitter la salle pour rentrer à la maison.
Le génie du trio
Difficile de contester l’immense réussite de ce Notre-Dame de Paris créé par Luc Plamondon et Richard Cocciante avec la précieuse collaboration de Gilles Maheu à la mise en scène. Bien sûr, la structure de l’histoire qui nous est racontée en chants, en musique, en danses, les couleurs et les tonalités des tableaux qui rythment la scène, les qualités et défauts des personnages, tout ça vient du roman de Victor Hugo, paru en 1831 dans une société que l’écrivain jugeait sclérosée et qu’il souhaitait plus juste envers les plus faibles.
De la même façon, l’extrême laideur de Quasimodo (interprété par Angelo Del Vecchio), la pureté de la jeune Esmeralda (Hiba Tawaji), les tourments de Frollo (Daniel Lavoie), la beauté de Phoebus (Martin Giroux) ou la jalousie de Fleur-de-Lys (Valérie Carpentier), tout ça a d’abord été imaginé par Victor Hugo. Mais si la trame et les couleurs de l’histoire viennent du roman, la puissance du spectacle musical créé par Luc Plamondon et Richard Cocciante et mis en scène par Gilles Maheu a quelque chose d’exceptionnel, et on ne peut que recon- naître le génie du trio.
De la première à la dernière, chaque scène soulève l’enthousiasme d’un public heureux de se laisser porter entre larmes, enchantement et effroi. Car si elle réserve quelques moments de joie et d’amusements, l’histoire de NotreDame de Paris est triste, cruelle et empreinte de fatalisme.
« C’est une histoire assez simple, qui trace des lignes claires et met en scène des passions humaines exacerbées, mais qui est extrêmement bien racontée », commente Daniel Lavoie qui, dans les habits de Frollo,re trouve un personnage qu’il avait lui-même créé en 1998, et qu’il trouve maintenant « plus attendrissant, plus humain, plus fragile et plus attachant, bien que toujours impardonnable » pour ses actions meurtrières.
Droit comme un Christ en croix, le Frollo interprété par un Daniel Lavoie aux cheveux blanchis par l’âge semble faire corps avec la cathédrale tant l’archidiacre de Notre-Dame de Paris, séduit bien malgré lui par Esmeralda, est figé dans sa fonction de prêtre. « On le voit aux prises avec les voeux qu’il a prononcés, bousculé par sa nature humaine, un peu comme nous le sommes tous, mais lui ne sait pas comment gérer son coup de foudre. »
Et il est convaincant, Daniel Lavoie, dans les habits d’un Frollo que l’on sent effectivement fragile derrière une monstruosité que l’on attendrait plutôt du côté de Quasimodo. Quoi qu’il en soit, il est immense, le plaisir éprouvé par Daniel Lavoie en remontant sur « scène pour travailler avec des gens qui sont là pour donner le meilleur d’eux-mêmes». Dans cette nouvelle distribution de Notre-Dame de Paris,
« chacun donne le meilleur de ce qu’il a à donner, soir après soir ». Parions que c’est ce qui fait vibrer le public à l’en rendre électrique.
Notre-Dame de Paris
De Luc Plamondon et Richard Cocciante d’après le roman de Victor Hugo Mise en scène de Gilles Maheu, chorégraphie de Martino Müller, décors de Christian Rätz, costumes (nouvelles créations) de Caroline Van Assche, lumières d’Alain Lortie. Jusqu’au 26 août au Grand-Théâtre de Québec, du
29 août au 1er septembre à Trois-Rivières, du 5 au 30 septembre à Montréal, du 11 au 13 octobre à Sherbrooke et du 16 au 20 octobre à Ottawa.
Mais si la trame et les couleurs de l’histoire viennent du roman, la puissance du spectacle musical créé par Luc Plamondon et Richard Cocciante et mis en scène par Gilles Maheu a quelque chose d’exceptionnel, et on ne peut que reconnaître le génie du trio. De la première à la dernière, chaque scène soulève l’enthousiasme d’un public heureux de se laisser porter entre larmes, enchantement et effroi.