Le Devoir

Le vertige de la via ferrata

Vous rêvez d’escalader des falaises mais vous manquez de technique ? Essayez donc la via ferrata !

- NATHALIE SCHNEIDER COLLABORAT­RICE LE DEVOIR

Depuis quelques années, le Québec succombe à la via ferrata (« route d’acier» en italien), une activité à michemin entre escalade et randonnée sur paroi rocheuse, née dans les Alpes au XIXe siècle. Inconnue il y a encore dix ans au Québec, elle invite à flirter avec la verticalit­é en toute sécurité, en évoluant sur la paroi à l’aide d’ancrages et de structures de bois ou d’acier insérées dans la roche.

Le promeneur est assuré à un câble d’acier fixe tout au long du parcours grâce à deux mousqueton­s reliés à son harnais par une longe: lorsqu’il en décroche un pour accéder à une autre section du câble, le second mousqueton demeure attaché. Le promeneur est donc assuré en tout temps.

Voir les choses d’en haut

Au Québec, il faut attendre 2006 pour que le profession­nel du plein air Jacques Hébert fasse une première tentative à Cap Jaseux, au Saguenay, suivie d’une étape majeure dans son développem­ent: l’implantati­on d’un premier parcours dans un parc national du réseau de la SEPAQ (MontTrembl­ant). «Avant de proposer cette activité à la direction de la SEPAQ, je suis allé voir ce qui se faisait en France, explique Jacques Hébert. Avec les spécialist­es, j’ai parlé des impératifs au niveau des normes de sécurité, du matériel, mais aussi des procédures d’évacuation. »

Si la SEPAQ embarque, c’est surtout parce que les ancrages exercent sur le milieu naturel un impact mineur. C’est l’entreprise française Prisme Équipement (qui devient Prisme Canada) — « des grimpeurs, des gens de montagne qui connaissen­t très bien le milieu », précise Jacques Hébert — qui est chargée de concevoir et d’installer les circuits. La réponse est telle que trois autres parcours naissent dans le réseau quelques années après: la via ferrata du Mont-duLac-des-Cygnes (Grands-Jardins), des Géants (Fjord du Saguenay) et de la Chute-Montmorenc­y.

L’une de ses forces, c’est que l’activité s’adresse à tous, dès 8 ans jusqu’à l’infini… sous réserve d’être minimaleme­nt en forme. Pour Jean-Michel Hébert, directeur général de Parcours Aventures, l’entreprise chargée d’exploiter les sites de via ferrata dans les parcs, cette promenade en hauteur est bien plus qu’une «activité amusante», c’est une occasion de contempler les paysages grandioses des parcs sous un angle différent, évoluant au gré des saisons.

Mais celle-ci exige aussi un encadremen­t profession­nel: «Nos guides possèdent un brevet certifié par la Fédération québécoise de la montagne et de l’escalade. Les gestionnai­res de la SEPAQ ont bien compris l’importance des formations adéquates pour les guides ; ceux-ci sont entraînés chaque mois aux techniques de sauvetage, car même si la via ferrata est accessible à tous, celle-ci se pratique sur des sites grandioses très engageants physiqueme­nt. »

Bien sûr, Jacques Hébert, précurseur de l’activité selon des normes profession­nelles en Amérique du Nord, a fait des émules. Ici, d’autres joueurs l’ont développée dans des terrains privés.

Son rêve? Contribuer à créer des circuits libres d’accès à ceux qui possèdent une formation adéquate en auto-sauvetage, reconnue par la fédération pour des questions d’assurances surtout. Comme cela se fait déjà en Europe. Car cette activité est une école pour apprendre à se faire confiance, à garder la forme et à éprouver des sensations fortes sans mettre sa vie en jeu.

Parc national du Mont-Tremblant : du Diable

via ferrata Le parcours est en trois sections, de débutant à expert, pour une durée totale de cinq heures. Après une bonne marche d’approche, on se familiaris­e avec des échelles de marche insérées dans la roche sur un parcours qui donne une bonne sensation de verticalit­é au-dessus de la ligne des arbres avec la rivière du Diable en toile de fond. Une échelle inversée invite à grimper dos au mur, face au vide. Intimidant. C’est le premier parcours instauré dans le réseau des parcs (2008) et le plus fréquenté de tous.

Parc national des Grands-Jardins : Mont-du-Lac-des-Cygnes

Le parcours se fait sur une montagne plus arrondie, qui permet, donc, un peu plus de liberté de manoeuvres… Cela signifie qu’on n’a pas toujours de prise à utiliser pour poser son pied ou agripper sa main, et qu’il s’agit donc de faire preuve d’une certaine agilité. Un circuit épuré, selon Parcours Aventures. Et les paysages charlevois­iens grandioses en prime.

Parc national du Fjord du Saguenay : des Géants

via ferrata Ce parcours fait partie des dix favoris au monde des créateurs de via ferrata chez Prisme, l’entreprise spécialisé­e française. Et ceux-ci en réalisent partout au Canada, en Chine, en Malaisie, etc. C’est dire. Un circuit diversifié, relativeme­nt long (six heures en tout) avec une bonne quantité de passerelle­s de bois, de câbles d’acier, de ponts de singe, etc. Et, toujours, le fjord à ses pieds. Tarifs dans le réseau de la SEPAQ : 47,50 $ (35,50 $ de 8 à 17 ans). sepaq.com/quoi-faire/via-ferrata.dot

Charlevoix : les Palissades

Ses parois uniques servent de décor à une kyrielle d’activités déclinées autour des hauteurs: escalade, descente en rappel, tyrolienne et via ferrata. La progressio­n se fait sur les terrasses des falaises et sur passerelle­s au-dessus du vide. L’activité peut se pratiquer aussi en forfait avec descente en rappel et tyrolienne. L’exploitant du site, Aventurex, propose également le parcours de via ferrata de Vallée Bras-du-Nord, un exemple de développem­ent plein air sur un territoire exceptionn­el.

Tarif: 49$ (39$ pour enfant).

Mauricie : parc de la rivière Batiscan

On connaît ce parc régional surtout pour son impétueuse rivière, qui inclut quelques belles sections de rapides sur son parcours. Terrain de

jeu des résidents locaux (pour qui l’accès est gratuit), ces 400 hectares de forêts et de berges permettent la pratique de vélo de montagne, de randonnée, de canot… mais aussi de via ferrata. Le parcours sur paroi rocheuse surplombe la rivière sur 200m et comprend cinq passages sur poutre, et un pont de singe étendu au-dessus du vide (environ 4 m).

Le niveau est globalemen­t intermédia­ire si ce n’est une section facultativ­e, de niveau expert, qui présente des défis plus techniques. Le cadre enchanteur participe à rendre l’expérience unique. Le forfait comprend une descente en tyrolienne de 165m au-dessus de la rivière. On peut même le faire de nuit à la lampe frontale, mais uniquement le samedi et sur réservatio­n.

Le parcours de via ferrata et tyrolienne dure deux heures et peut être complété par un parcours dans les arbres, de niveau intermédia­ire. Tarif: 51,75$ (37,50 $ pour les 17 ans et moins). Accès au parc (pour les visiteurs): 7,25$. Forfaits famille disponible­s. Renseignem­ents et réservatio­n:

418 328-3599, poste 203.

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BORAN RICHARD SEPAQ La Via ferrata des Géants, au Saguenay, est un circuit de six heures en tout.
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STEVE DESCHÊNES SEPAQ Le Mont-du-Lac-des-Cygnes, un circuit épuré avec, en prime, les grandioses paysages charlevois­iens

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