Le Devoir

L’industrie forestière démonte les arguments de Donald Trump

Selon le président américain, les importatio­ns de bois canadien seraient à blâmer pour les incendies de forêt en Californie

- IAN BICKIS

L’industrie forestière canadienne rejette avec force les commentair­es du président américain, Donald Trump, selon qui les importatio­ns de bois seraient en partie responsabl­es des violents incendies de forêt qui sévissent en Californie.

Le président Trump a affirmé lors d’une réunion du cabinet jeudi que les États-Unis devraient récolter le bois qui jonche le sol forestier, qui, selon lui, aggrave les incendies, plutôt que d’importer du bois au moment où le Canada « nous fait payer cher pour apporter leur bois dans notre pays ».

Ces commentair­es sont troublants et quelque peu ridicules, a soutenu Derek Nighbor, chef de la direction de l’Associatio­n des produits forestiers du Canada.

«À plusieurs niveaux, les commentair­es du président sont encore une fois complèteme­nt hors-jeu », a-t-il affirmé.

Les prix du bois de constructi­on sont plus élevés aux États-Unis en raison des tarifs que M. Trump a imposés sur les importatio­ns canadienne­s, a dit croire M. Nighbor.

« Son régime tarifaire est ce qui a réellement entraîné une hausse de 20 % des prix à la consommati­on aux États-Unis sur le bois d’oeuvre », a-t-il affirmé.

Susan Yurkovich, présidente du BC Lumber Trade Council, a souligné que M. Trump avait la possibilit­é à tout moment de réduire la prime sur le prix du bois qui, selon l’Associatio­n nationale des constructe­urs de maisons aux États-Unis, ajoute 7500 $US aux coûts de constructi­on d’une maison moyenne.

«Ils disposent d’un remède instantané qui leur permet d’abroger les tarifs qui, selon nous, ont été injustemen­t placés sur le bois d’oeuvre et qui offriraien­t un rabais immédiat aux consommate­urs américains », a-t-elle fait valoir.

M. Nighbor a dit qu’il devrait y avoir une conversati­on à propos de la gestion du bois jonchant le sol forestier et des incendies de forêt, mais que la récolte de ce bois est une affaire complexe.

« Même s’ils étaient en mesure d’obtenir tout ce bois, ils ne pourraient pas le traiter », a-t-il affirmé.

Les États-Unis ont connu une augmentati­on des investisse­ments dans la capacité de traitement, mais ne fournissen­t tout de même qu’environ 34 milliards des 48 milliards de pieds-planche de bois qu’ils ont consommés en 2017. Le pays ne sera pas en mesure de combler cet écart dans un futur proche, a dit Mme Yurkovich.

« L’écart entre la demande intérieure et l’offre intérieure se situe entre 14 et 15 milliards de pieds-planche. Selon moi, cela nécessiter­a des années et des années et des millions et des millions de dollars », a-t-elle affirmé.

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