Le Devoir

Le Brésil doit laisser Lula se présenter à la présidenti­elle, juge un comité onusien

-

Le Comité des droits de l’homme de l’ONU a demandé vendredi au Brésil d’autoriser l’ancien président Lula, détenu pour corruption et blanchimen­t d’argent, à participer à l’élection présidenti­elle d’octobre tant que tous ses appels en justice n’auront pas été examinés.

Ce comité, constitué d’experts des droits civils et politiques, statuait sur une demande urgente déposée par les avocats de Lula le 27 juillet à Genève.

Dans une courte déclaratio­n, le comité « demande au Brésil de prendre toutes les mesures nécessaire­s pour permettre à Lula […] d’exercer ses droits politiques depuis sa prison, comme candidat à l’élection présidenti­elle » d’octobre 2018.

Dirigeant historique du Parti des travailleu­rs (PT), Luiz Inácio Lula da Silva, qui a été deux fois chef de l’État (2003-2010), reste l’immense favori des sondages. Son parti a déposé sa candidatur­e mercredi, mais il est très probable qu’elle soit invalidée, car une loi stipule l’inéligibil­ité de toute personne ayant été condamnée en appel.

Toutefois, d’autres appels ont été déposés par les avocats de Lula, et le Comité des droits de l’homme souligne que sa candidatur­e ne pourra être annulée « que lorsque ses appels en justice auront été examinés de façon équitable » afin d’éviter d’infliger « un tort irréparabl­e » à l’ancien président de 72 ans.

Un des membres de ce comité, Olivier de Frouville, a déclaré à l’AFP que les appels déposés par Lula auprès du Tribunal supérieur de justice et la Cour suprême du Brésil « pourraient déboucher sur l’annulation de sa condamnati­on » pour corruption. Dans cette situation, Lula devrait être autorisé à «faire campagne» même depuis sa prison à Curitiba, a-t-il ajouté.

À Brasília, le ministère des Affaires étrangères a estimé que «les conclusion­s du Comité ont un caractère de recommanda­tion et ne sont pas juridiquem­ent contraigna­ntes », tout en s’engageant à « les transmettr­e au pouvoir judiciaire ». Le parquet, contacté auparavant par l’AFP, avait seulement indiqué « n’avoir rien à dire pour le moment ».

Mais Dilma Rousseff, ex-dauphine de Lula, auquel elle avait succédé à la présidence avant d’en être destituée en 2016, s’est réjouie.

« Lula est innocent. Lula est candidat à la présidence de la république », a-telle écrit sur Twitter, tandis que des responsabl­es de la droite exprimaien­t leur indignatio­n.

Le comité, qui est un organe de surveillan­ce du Haut-Commissari­at des Nations unies aux droits de l’homme, est chargé de veiller au respect du Pacte internatio­nal relatif aux droits civils et politiques et au Protocole facultatif qui y est associé.

Comme le Brésil a ratifié ces deux textes, il est techniquem­ent obligé de respecter les décisions du Comité.

M. De Frouville a expliqué que les avocats de Lula avaient réclamé au Comité une action urgente sur trois questions : une libération immédiate, un accès aux médias et à son parti politique, et la possibilit­é d’être candidat à l’élection.

Le Comité a rejeté la première demande, mais a validé les deux autres.

 ?? ERALDO PERES ASSOCIATED PRESS ?? Les partisans de l'ex-président brésilien Lula sont mobilisés depuis plusieurs jours pour réclamer qu’il puisse, malgré son incarcérat­ion, se présenter à l'élection présidenti­elle d'octobre.
ERALDO PERES ASSOCIATED PRESS Les partisans de l'ex-président brésilien Lula sont mobilisés depuis plusieurs jours pour réclamer qu’il puisse, malgré son incarcérat­ion, se présenter à l'élection présidenti­elle d'octobre.

Newspapers in French

Newspapers from Canada