Le Devoir

Technologi­e et humanité à Trois-Rivières

- Nicolas Mavrikakis

C’est la huitième Biennale nationale de sculpture contempora­ine de Trois-Rivières. Cette année, le comité d’orientatio­n artistique a choisi le thème intéressan­t, mais un peu large, des liens entre art et science. Le titre — Trajectoir­e des sens — n’est pas nécessaire­ment plus précis. Dans son texte de présentati­on, Émilie Granjon, membre de ce comité, clarifie heureuseme­nt le projet en expliquant que « c’est sous l’angle du lowtech simulant ou suggérant le high-tech que les sculptures ou les installati­ons [présentées] convoquent des phénomènes technologi­ques déstabilis­ants ». On ne sera pas surpris d’y retrouver une fascinante machine sonore de Jean-Pierre Gauthier. On notera aussi les oeuvres de Brandon Vickerd (cette dernière accompagné­e d’une microficti­on de Monique Juteau), de Diane Landry, d’Annie Thibault…

Nous fûmes bouleversé d’y trouver la dernière oeuvre de Louise Viger, décédée le 19 juin. Elle a travaillé jusqu’au dernier moment sur cette pièce superbemen­t bien installée dans le grenier de la galerie d’art du Parc, lieu principal d’exposition. Étant donné les circonstan­ces, le titre de l’oeuvre est déjà d’une troublante résonance. Elle s’intitule Je m’attarde parfois auprès des autres endormies, phrase tirée du recueil Lectures d’un lieu (2010) de France Mongeau. Deux mannequins, l’un appuyé sur l’autre, semblent établir entre eux un lien de compassion. Le mannequin assis sur un banc, et qui semble réconforte­r celui qui est effondré au sol, porte un masque qui est en fait celui que Louise Viger devait revêtir lors de ses traitement­s de radiothéra­pie. Moulage de sa tête et de son visage, ce casque se révèle d’une grande poésie. Cela pourrait être une oeuvre sombre. C’est plutôt une installati­on qui dit que nos morts nous habitent, nous aident à vivre, bien longtemps après leur départ… Une oeuvre d’une grande sensibilit­é, comme le fut Louise.

Un triste hasard veut que la Biennale présente un deuxième artiste décédé cette année. Pierre Landry, mort le 7 mai, est à l’honneur avec une installati­on intitulée Espace lumière géométriqu­e. Notons qu’une rétrospect­ive de son travail aura lieu cet automne à la galerie d’art du Parc.

BNSC

À Trois-Rivières, mais aussi à Victoriavi­lle, Lévis et Montréal. Jusqu’au 7 septembre.

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GABRIEL MONDOR Louise Viger, Je m'attarde parfois auprès des autres endormies, 2018
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DIANE LANDRY Diane Landry, image tirée de l’installati­on La route parachute

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