Le Devoir

Le pèlerinage des fidèles vers La Mecque commence

- SHATHA YAISH

Plus de deux millions de fidèles ont entamé dimanche, dans un climat de ferveur et sous un soleil de plomb, le pèlerinage annuel à La Mecque, dans une Arabie saoudite en mutation mais où l’islam conserve une place centrale.

Ce rassemblem­ent religieux annuel — l’un des plus importants au monde — représente un défi logistique pour les autorités saoudienne­s qui se sont toutefois déclarées prêtes à assurer son bon déroulemen­t jusqu’à vendredi.

Le hajj est l’un des cinq piliers de l’islam. Tout musulman est censé l’accomplir au moins une fois dans sa vie s’il en a les moyens. « Je me sens si chanceuse », a dit Nazia Noor, une Néo-Zélandaise de 36 ans, en poussant son père dans un fauteuil roulant. «Qu’Allah nous vienne en aide. »

Les mouvements de pèlerins s’effectuent dans un climat de ferveur qui fait oublier la chaleur étouffante alors que la températur­e excède largement les 40 degrés Celsius. Certains sont équipés de parapluies pour se protéger du soleil.

Les pèlerins viennent à la Mecque, dans l’ouest du royaume, des quatre coins de la planète. Parmi les plus gros contingent­s figurent ceux d’Égypte, d’Inde, du Pakistan, du Bangladesh et du Soudan, ont précisé les autorités. Leur nombre a dépassé les deux millions, a indiqué le ministère de l’Intérieur, précisant que l’immense majorité venait de l’étranger.

Les fidèles se sont rendus dimanche dans la vallée proche de Mina, à travers le lieudit de Mozdalifa où ils passeront la nuit avant le stationnem­ent sur le mont Arafat, temps fort du hajj. C’est sur ce mont que le prophète Mahomet a prononcé son dernier sermon et c’est là que les pèlerins passeront une journée de prières et d’invocation­s en sollicitan­t la clémence d’Allah.

Le pèlerinage se terminera avec l’Aïd al-Adha, une fête de trois jours suivie par le rituel de la « lapidation de Satan ».

Les autorités ont amélioré la sécurité après une série de drames ces dernières années. En 2015, le pèlerinage avait été endeuillé par une gigantesqu­e bousculade qui avait fait quelque 2300 morts, dont des centaines d’Iraniens.

Transforma­tions

Le hajj de 2018 se déroule alors que l’Arabie saoudite, royaume ultraconse­rvateur, est en pleine transforma­tion et a entrepris des réformes concernant les femmes, qui ont été finalement autorisées à conduire. Dans le même temps, les autorités font preuve d’une grande fermeté face à toute voix dissidente. La religion conserve une place centrale dans la société.

Le jeune prince héritier Mohammed ben Salmane a clamé la volonté de son pays de « renouer avec un islam modéré et tolérant », tout en multiplian­t les arrestatio­ns dans les milieux dissidents, y compris parmi les défenseurs des droits de la personne et les religieux critiques.

Le pèlerinage intervient en outre en pleine guerre au Yémen, où l’Arabie saoudite intervient contre des rebelles soutenus par l’Iran, le grand rival régional de Riyad.

Pour la deuxième année consécutiv­e, le Qatar s’est plaint du fait que ses citoyens soient privés de hajj sur fond de crise diplomatiq­ue avec Riyad. Les autorités saoudienne­s accusent au contraire Doha d’entraver le déplacemen­t de ses citoyens vers les lieux saints.

 ?? AHMAD AL-RUBAYE AGENCE FRANCE-PRESSE ?? Des fidèles musulmans priaient autour de la Kaaba, le sanctuaire le plus sacré de l’islam, en Arabie saoudite, le 17 août dernier.
AHMAD AL-RUBAYE AGENCE FRANCE-PRESSE Des fidèles musulmans priaient autour de la Kaaba, le sanctuaire le plus sacré de l’islam, en Arabie saoudite, le 17 août dernier.

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