Le Devoir

Trump essuie un double coup dur judiciaire avec les aveux de Michael Cohen et la condamnati­on de Paul Manafort

Michael Cohen plaide coupable, Paul Manafort reconnu coupable par un jury

- CATHERINE TRIOMPHE À NEW YORK ELODIE CUZIN À ALEXANDRIA AGENCE FRANCE-PRESSE

Le président Donald Trump a essuyé mardi un double coup dur judiciaire, avec son ancien avocat qui l’a personnell­ement impliqué devant un juge et la condamnati­on simultanée de son ex-chef de campagne.

Deux juridictio­ns différente­s pour deux affaires distinctes, mais une même ombre planait au-dessus des tribunaux d’Alexandria et de New York : celle du milliardai­re républicai­n, dont le mandat à la Maison-Blanche est empoisonné par les affaires judiciaire­s qui impliquent plusieurs de ses proches et menacent de l’atteindre directemen­t.

À New York, devant un juge fédéral de Manhattan, Michael Cohen, son exavocat personnel, a plaidé coupable de huit chefs d’accusation, pour fraude fiscale et bancaire et pour violation des lois sur le financemen­t des campagnes électorale­s.

Surtout, le juriste a reconnu sous serment avoir versé 130 000 et 150 000 dollars à deux femmes affirmant avoir eu une liaison avec Donald Trump en échange de leur silence, et ce, « à la demande du candidat » et « avec l’intention d’influencer l’élection ».

Cet aveu est une réelle bombe pour celui qui a finalement remporté la présidenti­elle de 2016, car il sous-entend qu’il pourrait avoir lui-même commis un délit. Si les versements à l’actrice pornograph­ique Stormy Daniels et à Karen McDougal, une ex-playmate du magazine Playboy, qui affirment toutes deux avoir eu une liaison avec Donald Trump au milieu des années 2000, étaient connus, le locataire de la Maison-Blanche a jusqu’ici nié tout acte contraire à la loi dans ces affaires.

Le coup est d’autant plus spectacula­ire qu’il vient d’un ancien fidèle du président, gardien d’une partie de ses secrets, qui après s’être dit un temps prêt « à prendre une balle » pour son puissant client semble finalement s’être décidé à le lâcher.

La quasi-totalité des chefs d’inculpatio­n retenus contre Michael Cohen sont passibles d’une peine maximum de prison de cinq ans, sauf l’accusation de déclaratio­n frauduleus­e à une banque, pour laquelle il risque trente ans de détention.

Presque au même moment, dans un parallélis­me judiciaire saisissant, le tribunal d’Alexandria, près de Washington, a reconnu Paul Manafort, un ancien directeur de campagne de Donald Trump, coupable de fraude bancaire et fiscale. Le jury n’a prononcé qu’un verdict partiel, ne parvenant pas à s’accorder sur dix des dix-huit chefs d’accusation pesant contre l’ancien sulfureux lobbyiste.

Mais cette condamnati­on, qui sera suivie à une date qui reste à fixer de l’annonce de la peine, est symbolique, car il s’agissait du premier procès émanant de l’enquête russe, cette tentaculai­re investigat­ion conduite par le procureur spécial Robert Mueller sur l’ingérence de la Russie dans la présidenti­elle de 2016 et sur des soupçons de collusion entre l’équipe de campagne de Donald Trump et le Kremlin de Vladimir Poutine.

«Je me sens très triste», a réagi le président américain en marge d’un déplacemen­t en Virginie occidental­e, au sujet de la condamnati­on de Paul Manafort, un « homme bien ». Il a en revanche soigneusem­ent éludé toutes les questions sur Michael Cohen.

Pour M. Trump, la décision d’Alexandria est un nouvel épisode de la « chasse aux sorcières» que constitue, à ses yeux, l’enquête Mueller.

« Rien à voir »

Pour autant, le président a tenu à rappeler que cette décision judiciaire n’avait en soi «rien à voir» avec une éventuelle collusion, qu’il nie faroucheme­nt depuis des mois.

Paul Manafort, qui encourt une peine maximale de 80 années de prison, « envisage toutes les options possibles » après sa condamnati­on, a déclaré son avocat Kevin Downing.

Après deux semaines de débats très suivis aux États-Unis, l’issue de l’audience représente néanmoins une victoire, bien qu’incomplète, pour le procureur spécial Robert Mueller, et affaiblit là aussi la position du président.

D’autant que l’enquête russe se poursuit, malgré les appels incessants de la Maison-Blanche, qui souhaite y voir mettre un terme.

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YANA PASKOVA AGENCE FRANCE-PRESSE L’ancien avocat de Donald Trump, Michael Cohen, a plaidé coupable pour fraude fiscale et bancaire concernant l’affaire Stormy Daniels.
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MANDEL NGAN AGENCE FRANCE-PRESSE L’ancien directeur de campagne de Donald Trump, Paul Manafort, a été reconnu coupable de 10 des 18 chefs d’accusation qui pesaient sur lui.

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