Le Devoir

Tué par un mélange de Four Loko, de caféine et de médicament­s

- AMÉLIE DAOUST-BOISVERT

Un coroner recommande à Québec de mieux sensibilis­er le public aux dangers découlant du mélange de l’alcool et des médicament­s.

La mort d’un homme de 30 ans, pour qui une consommati­on simultanée de boissons alcoolisée­s sucrées à forte teneur en alcool, de caféine et de médicament­s en vente libre a été fatale, a mené le coroner Yvon Garneau à conclure que les effets néfastes combinés de ces substances sont méconnus du public.

Pierre Parent, âgé de 30 ans, est décédé le 26 décembre dernier après avoir consommé quatre canettes de boisson Four Loko d’une teneur en alcool de 11,9 %, une bière et des médicament­s en vente libre contre le rhume contenant du chlorphéni­ramine. L’autopsie a aussi détecté la présence de caféine dans son sang. Selon l’analyse toxicologi­que, la combinaiso­n d’alcool, de caféine et de médicament a pu provoquer l’arythmie cardiaque qui a mené à la mort.

Ses proches « lui connaissai­ent une dépendance aux boissons sucrées alcoolisée­s », mentionne le coroner dans son rapport. Sa consommati­on régulière s’élevait à deux canettes par jour. Son foie présentait une atteinte caractéris­tique de l’alcoolisme, ce qui a pu contribuer à la vulnérabil­ité de l’homme aux différente­s substances ingérées, selon le rapport.

Cet hiver, la mort d’une adolescent­e de Laval ayant consommé la boisson fortement alcoolisée FCKD UP a mené à une offensive publique contre ces produits.

Plus en vente au Québec

Le Four Loko et les autres boissons sucrées à forte teneur en alcool ne sont plus vendus au Québec. Les fabricants les ont retirés des tablettes avant même le 12 juin, alors qu’était sanctionné­e la loi qui prohibe la vente des mélanges à bière titrant à plus de 7 % d’alcool dans les épiceries et les dépanneurs.

La Société des alcools du Québec (SAQ) n’a pas non plus l’intention de les commercial­iser, ni à « court terme » ni à « long terme », a indiqué la responsabl­e des communicat­ions Linda Bouchard mardi. « On suit les besoins exprimés par les consommate­urs, et on ne sent pas de besoin » pour ces produits, a-t-elle ajouté.

S’il a légiféré sur les points de vente, Québec n’a toutefois pas suivi la recommanda­tion de l’Institut de santé publique du Québec (INSPQ) qui, en mars, recommanda­it d’apposer un prix plancher à ce type de boissons.

En juillet, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a publié son plan d’action interminis­tériel en dépendance 2018-2028. La sensibilis­ation aux risques des boissons à forte teneur en sucre et en alcool fait partie des dizaines d’actions prévues dans les prochaines années.

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