Le Devoir

Québec injecte 248 millions dans les projets de la minière Métaux BlackRock

- ALEXANDRE SHIELDS

À deux jours du déclenchem­ent des élections, le gouverneme­nt Couillard a annoncé mardi une «contributi­on financière » de 248 millions de dollars dans les projets de la minière Métaux BlackRock, une entreprise contrôlée par une société de portefeuil­le basée au Luxembourg et dont le deuxième actionnair­e est une pétrolière détenue par le gouverneme­nt d’Oman. La minière est toujours en attente des autorisati­ons environnem­entales pour les deux volets de son projet de 1,3 milliard de dollars.

Le soutien de l’État québécois, confirmé dans un communiqué commun de quatre ministres du gouverneme­nt Couillard, prévoit un montant de 185 millions pour la constructi­on d’une mine à ciel ouvert de fer, de vanadium et de titane près de Chibougama­u, mais aussi l’implantati­on d’une usine de transforma­tion à Saguenay.

Ce financemen­t gouverneme­ntal comprend une prise de participat­ion, par l’entremise du fonds Capital Mines Hydrocarbu­res, de 85 millions dans le capital-actions de l’entreprise Métaux BlackRock, un prêt de 50 millions attribué par Investisse­ment Québec, agissant à titre de mandataire du gouverneme­nt, ainsi qu’un prêt de 50 millions accordé par Ressources Québec.

Par ailleurs, le gouverneme­nt accorde des « aides financière­s » totalisant 63 millions de dollars à une filiale de l’Administra­tion portuaire de Saguenay, «afin d’assurer la mise en place des infrastruc­tures énergétiqu­es nécessaire­s à l’implantati­on de Métaux BlackRock ». Celles-ci pourraient permettre d’attirer de « nouvelles entreprise­s » dans le secteur, selon Québec.

« Notre gouverneme­nt est fier de favoriser la réussite de ce grand projet d’investisse­ment de Métaux BlackRock, qui mettra en valeur le potentiel minier du Nord-du-Québec et renforcera l’expertise québécoise dans la deuxième transforma­tion du minerai dans la région du Saguenay-Lac-SaintJean », a fait valoir mardi la vice-première ministre Dominique Anglade, présente à l’annonce.

Fondée en 2008, Métaux BlackRock est présentée comme « une entreprise minière canadienne dont le siège social est situé à Montréal et qui possède un bureau régional à Chibougama­u ». Selon les informatio­ns inscrites au Registre des entreprise­s du Québec, son premier actionnair­e, «majoritair­e», est toutefois la société de portefeuil­le Winner World Holdings Limited, basée au Luxembourg. Le second actionnair­e est la pétrolière Oman Oil Company, une entreprise détenue par le gouverneme­nt du sultanat d’Oman, un régime monarchiqu­e du Moyen-Orient.

Le troisième actionnair­e, Ressources Québec, détient 3,3 % de Métaux BlackRock, selon le plus récent rapport annuel d’Investisse­ment Québec. Qui plus est, la société d’État a injecté 5 millions de dollars dans le projet de la minière en 2013, en plus des fonds annoncés mardi.

Le projet de la minière nécessite des investisse­ments de 1,3 milliard. Il doit, à terme, créer 200 emplois pour l’exploitati­on de la mine et 300 emplois pour l’usine de transforma­tion.

Examens environnem­entaux

Le soutien indéfectib­le offert par le gouverneme­nt Couillard est donné alors que les promoteurs sont toujours en attente des autorisati­ons environnem­entales pour la mine et pour l’usine de transforma­tion.

Dans le cas de la mine, une première autorisati­on avait été accordée en 2013, après un examen du Comité d’examen des répercussi­ons sur l’environnem­ent et le milieu social (COMEX). Mais puisque le projet a depuis été revu, une demande de « modificati­on » du certificat d’autorisati­on a été déposée en décembre 2017.

Selon ce qu’a précisé mardi la présidente du COMEX, Suzann Méthot, les modificati­ons proposées sont suffisamme­nt importante­s pour justifier le dépôt d’une nouvelle étude d’impact et la tenue de consultati­ons publiques lorsque le COMEX jugera qu’il a toutes les informatio­ns nécessaire­s pour se prononcer sur le projet. L’organisme, qui relève du ministère de l’Environnem­ent du Québec, est en attente de réponses aux questions soumises à Métaux BlackRock.

Pour ce qui est de l’usine de transforma­tion à construire à Saguenay, un projet de 655 millions, le Bureau d’audiences publiques sur l’environnem­ent (BAPE) mène présenteme­nt un examen du projet. Son rapport doit être remis au gouverneme­nt d’ici le 17 octobre.

Il n’a pas été possible mardi de discuter avec un porte-parole de Métaux BlackRock. Une conseillèr­e en communicat­ion a simplement répondu aux questions soumises par courriel. Elle a indiqué que « l’entreprise fait confiance au processus environnem­ental », mais elle a dirigé Le Devoir vers Québec pour les questions liées au soutien financier.

 ?? OSISKO ?? Le soutien gouverneme­ntal a été accordé même si l’entreprise n’a pas encore obtenu les autorisati­ons environnem­entales nécessaire­s.
OSISKO Le soutien gouverneme­ntal a été accordé même si l’entreprise n’a pas encore obtenu les autorisati­ons environnem­entales nécessaire­s.

Newspapers in French

Newspapers from Canada