Justice sociale ou prudence financière
Les électeurs néo-brunswickois devront faire un choix entre deux chefs radicalement différents
politiques et leur personnalité les séparent clairement l’un de l’autre, sans compter leur important écart d’âge.
Les sondages suggèrent pourtant que les Néo-Brunswickois n’ont pas encore tranché entre le libéral Brian Gallant et le progressiste-conservateur Blaine Higgs, qui auront 32 jours pour faire campagne avant le scrutin du 24 septembre.
Après des semaines d’annonces de dépenses et de positionnement politique, la campagne électorale a officiellement été lancée jeudi dans la province.
Pour la première fois en près de dix ans, les élections au Nouveau-Brunswick ne sont pas définies par un seul enjeu majeur. Sans sujet controversé pour galvaniser l’électorat — comme l’exploitation du gaz de schiste ou la privatisation d’un service public —, les experts estiment que les électeurs ont un véritable choix entre deux chefs.
Il y a d’abord le jeune premier ministre sortant, un dépensier qui défend l’égalité des sexes et la justice sociale. Il y a ensuite le patron à la retraite du géant pétrolier Irving, un ancien ministre des Finances qui se démarque par son expérience et son approche de prudence budgétaire.
« M. Gallant, il faut le dire, il est beau, il a l’air bien, il est charmant et il est jeune, explique Gabriel Arsenault, politologue à l’Université de Moncton. Il est plus à gauche […] il se dit plus soucieux de l’environnement et de justice sociale. »
Il cite comme exemples le moratoire sur la fracturation hydraulique décrété par le gouvernement libéral de M. GalLeurs lant, les récents investissements dans les services de garde et l’élimination des droits de scolarité pour les étudiants venant de familles à faible revenu.
Le leader des progressistes-conservateurs, âgé de 64 ans, est quant à lui présenté comme un remède au chef libéral de 36 ans, estiment les analystes politiques. « M. Higgs se présente comme un chef financièrement responsable […], le plus expérimenté et peut-être le plus sage et le mieux renseigné », explique M. Arsenault.
Des sondages serrés
Pourtant, malgré leurs différences, les deux dirigeants sont au coude à coude dans les sondages en ce début de campagne. Bien que M. Gallant semble détenir une avance modeste, il reste à voir si les électeurs vont lui confier un deuxième mandat ou évincer pour la troisième fois de suite leur premier ministre après un seul mandat.
Les résultats des sondages laissent penser que le déroulement de la campagne électorale de cinq semaines sera déterminant pour remporter la victoire.
Pour l’instant, « l’état d’esprit des électeurs n’est pas clair », affirme Jamie Gillies, politologue à l’Université St. Thomas de Fredericton. « Le gouvernement libéral a peut-être assez de soutien pour survivre et être réélu. »
Dans le passé, la bataille pour obtenir la majorité à l’Assemblée législative du Nouveau-Brunswick a souvent été menée sur une seule question. En 2010, la colère généralisée suscitée par le projet de vente d’Énergie NB à Hydro-Québec a entraîné la défaite du premier ministre de l’époque, Shawn Graham, après un mandat. En 2014, le gouvernement de David Alward a été battu pour son opposition à l’exploitation du gaz de schiste.
« Contrairement aux deux dernières élections, il n’y a pas cette fois-ci un seul et unique problème qui domine le paysage politique provincial », souligne M. Gillies.
Contrairement aux deux dernières élections, il n’y a pas cette fois-ci un seul et unique problème qui domine le paysage politique provincial JAMIE GILLIES