Le Devoir

Perquisiti­ons chez Kirchner

- LILIANA SAMUEL

La police argentine conduisait jeudi des perquisiti­ons dans des résidences de l’ex-chef de l’État Cristina Kirchner, à la demande d’un juge qui la soupçonne d’être responsabl­e d’un système de corruption durant sa présidence, de 2007 à 2015.

Une vingtaine de policiers, dont certains en combinaiso­n blanche, sont entrés dans un immeuble de Recoleta, un quartier chic de Buenos Aires, sous l’oeil de dizaines de journalist­es et caméras.

Camionnett­es noires de la police alignées dans la rue, cordon de sécurité bloquant l’accès au bâtiment, chiens policiers, pompiers et unités de démineurs : un important déploiemen­t des forces de l’ordre était visible à la mijournée. L’opération se poursuivai­t depuis plus de deux heures.

Mme Kirchner, qui a passé la nuit au domicile de sa fille, n’était pas présente dans son appartemen­t, situé au 5e étage de cet immeuble et d’une superficie de 250 mètres carrés environ, a annoncé un de ses avocats, Gregorio Dalbon. Il a dénoncé un « cirque », assurant que la police ne trouverait « que les effets personnels » de sa cliente.

Peu après le début de l’opération, un autre de ses défenseurs, Carlos Beraldi, est ressorti furieux de l’immeuble d’avoir été écarté sur ordre du juge Claudio Bonadio, qui a ordonné les perquisiti­ons. Ce dernier n’était pas présent.

« Nous assistons à une farce, c’est une violation caractéris­ée des principes de l’État de droit. Nous allons demander l’annulation de l’opération. C’est moi qui ai ouvert la porte […] je vais porter plainte contre le juge », a-t-il déclaré.

Une deuxième opération

Par ailleurs, une deuxième opération de police a eu lieu jeudi afin de réaliser des constatati­ons dans un couvent près de la capitale. C’est là que Julio Lopez, vice-ministre de la Planificat­ion de Mme Kirchner de 2003 à 2015, avait été surpris en 2016 en train de dissimuler des sacs contenant neuf millions de dollars en liquide.

Les perquisiti­ons ont lieu dans le cadre du scandale des «cahiers de la corruption », qui a révélé des versements de pots-de-vin à l’administra­tion Kirchner par des entreprise­s du bâtiment et de travaux publics (BTP).

La veille au soir, le Sénat avait partiellem­ent levé l’immunité de Cristina Kirchner, désormais sénatrice, en autorisant ces perquisiti­ons.

Mme Kirchner bénéficie d’une immunité parlementa­ire qui l’empêche d’être emprisonné­e ou de voir ses résidences perquisiti­onnées, mais pas d’être entendue par le juge, mise en examen ou jugée.

Dans la foulée de la session qui a autorisé les perquisiti­ons, les sénateurs ont approuvé jeudi à l’aube un projet de loi qui permet à l’État d’exproprier les biens issus de la corruption. Ce texte avait déjà été approuvé en 2016 par les députés, mais s’était ensuite enlisé au Sénat durant deux ans. Il a récemment retrouvé un second souffle dans le cadre du scandale des « Cahiers de la corruption ».

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WALTER DIAZ AGENCE FRANCE-PRESSE Plusieurs propriétés de Cristina Kirchner ont été fouillées jeudi.

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