Le Devoir

Victoire pour les partisans de Trans Mountain

- ALEXANDRE SHIELDS LE DEVOIR

Les partisans de l’expansion du pipeline Trans Mountain célèbrent une nouvelle victoire. La Cour suprême du Canada a rejeté jeudi la demande d’appel de la Ville de Burnaby, en Colombie-Britanniqu­e, qui souhaitait faire casser une décision qui autorise les promoteurs du projet à faire fi de certaines règles municipale­s pour lancer la constructi­on du controvers­é pipeline.

« La demande d’autorisati­on d’appel est rejetée », a déclaré le plus haut tribunal au pays. Une décision immédiatem­ent saluée par la première ministre albertaine, Rachel Notley, qui a répété sur Twitter que ce projet d’exportatio­n de pétrole des sables bitumineux est « dans l’intérêt national ».

Cette autre saga judiciaire autour du projet de la pétrolière texane Kinder Morgan a débuté bien avant que le gouverneme­nt de Justin Trudeau ne promette de racheter Trans Mountain, au coût de 4,5 milliards de dollars, afin de garantir la réalisatio­n de ce projet de 9 milliards.

En décembre 2017, l’Office national de l’énergie (ONE) avait autorisé la pétrolière à faire fi de la réglementa­tion municipale de Burnaby pour lancer les travaux préliminai­res à la constructi­on du nouveau pipeline. « L’Office a conclu que le processus d’examen [des demandes d’autorisati­on présentées par Trans Mountain] de Burnaby était déraisonna­ble et causait un retard déraisonna­ble », a rappelé la Cour suprême dans sa décision publiée jeudi.

Mais Burnaby, où doit aboutir le nouveau pipeline et d’où partiront les pétroliers chargés de brut des sables bitumineux, s’oppose au projet d’expansion de Trans Mountain. La Ville a donc demandé à la Cour d’appel fédérale de casser la décision de l’ONE. En mars dernier, la Cour a rejeté sa demande. La municipali­té s’est donc adressée à la Cour suprême, qui vient elle aussi de rejeter sa demande.

Réagissant à la décision de la Cour suprême, le maire de Burnaby, Derek Corrigan, s’est dit déçu de la tournure des événements. Selon lui, « le manque de reconnaiss­ance » de l’autorité municipale par le gouverneme­nt fédéral est « un enjeu sérieux » dans ce débat.

Mardi, la ministre de l’Environnem­ent Catherine McKenna avait réaffirmé que la constructi­on du pipeline faisait partie du plan canadien de lutte contre les changement­s climatique­s. La « transition » énergétiqu­e ne surviendra pas du jour au lendemain, a-telle répété, en ajoutant : « J’ai toujours dit que j’étais la ministre de l’Environnem­ent pour les travailleu­rs du secteur de l’énergie au même titre que pour les environnem­entalistes. »

Obstacles à venir

Cette nouvelle victoire des partisans du transport de pétrole des sables bitumineux par pipeline vient appuyer la thèse de Kinder Morgan et d’Ottawa voulant qu’une municipali­té ne puisse s’opposer à la constructi­on d’un pipeline une fois que le gouverneme­nt fédéral en a approuvé la constructi­on.

Il reste toutefois d’autres obstacles juridiques à franchir avant la constructi­on complète du nouveau pipeline, puisque des Premières Nations de la Colombie-Britanniqu­e contestent la décision d’Ottawa d’approuver le projet. Le gouverneme­nt de la province a aussi lancé des procédures pour obtenir le droit de limiter le transport de pétrole brut sur son territoire au nom de la protection de l’environnem­ent.

L’expansion de Trans Mountain ferait passer sa capacité quotidienn­e de transport de 300 000 barils à 890 000 barils. Pour exporter tout ce pétrole des sables bitumineux, jusqu’à 34 pétroliers quitteraie­nt chaque mois un port situé à Burnaby, en banlieue de Vancouver, contre 5 pétroliers actuelleme­nt.

Selon Victoria, qui s’oppose au projet, « un seul déversemen­t menacerait des milliers d’emplois en Colombie-Britanniqu­e». Qui plus est, certains scientifiq­ues estiment que ce trafic maritime accru dans l’habitat essentiel d’épaulards de la côte ouest pourrait accélérer la disparitio­n de cette espèce théoriquem­ent protégée par la législatio­n fédérale.

Depuis leur arrivée au pouvoir, les libéraux de Justin Trudeau ont approuvé trois projets majeurs de pipeline d’exportatio­n de pétrole des sables bitumineux, soit Keystone XL, la Ligne 3 d’Enbridge et Trans Mountain. Une fois terminés, ces trois pipelines permettron­t d’exporter quotidienn­ement 2,48 millions de barils, soit 905 millions de barils par année.

La production des sables bitumineux pourrait augmenter de près de 75% d’ici 2040, selon les plus récentes données de l’ONE. La production du secteur dépasserai­t alors les 4,5 millions de barils par jour.

En 2017, l’Office national de l’énergie avait autorisé la pétrolière à faire fi de la réglementa­tion de Burnaby

 ?? BEN NELMS LA PRESSE CANADIENNE ?? La Gendarmeri­e royale du Canada et les autorités de Burnaby, en Colombie-Britanniqu­e, ont démantelé la semaine dernière un camp érigé en protestati­on au projet de pipeline.
BEN NELMS LA PRESSE CANADIENNE La Gendarmeri­e royale du Canada et les autorités de Burnaby, en Colombie-Britanniqu­e, ont démantelé la semaine dernière un camp érigé en protestati­on au projet de pipeline.

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