Le Devoir

Un secret bien gardé en culture

Québec dispose de 27 millions pour encourager les sorties culturelle­s en milieu scolaire. Mais à peu près personne ne le sait.

- CATHERINE LALONDE

Deux nouvelles mesures gouverneme­ntales, École inspirante et Sorties scolaires en milieu culturel, sont inscrites aux règles budgétaire­s 2018-2019 et dégagent au moins 27 millions pour faciliter les sorties scolaires québécoise­s. Mais la majorité des enseignant­s ne le savent pas. Au point où le Regroupeme­nt de scènes en musées (RSEM) estime nécessaire de déclencher une campagne médiatique pour en informer les professeur­s, et tenter par la bande de sauver une part de la saison des spectacles jeunesse.

« On publie un communiqué de presse pour dire aux enseignant­s que ces quatre mesures, méconnues, existent et pour multiplier les communicat­ions », indique Jean-Philippe Joubert, porteparol­e du RSEM, ce regroupeme­nt de cinq organismes artistique­s de Québec qui se consacre depuis 1998 a la diffusion des arts de la scène en milieu scolaire. « Le gouverneme­nt, cet été, a bougé. Il s’est mobilisé pour que les jeunes aient accès à la culture et aux activités éducation. » Mais étrangemen­t, l’informatio­n a très peu circulé. « Je ne comprends pas pourquoi, poursuit celui qui est aussi directeur du Théâtre les Gros Becs, pourquoi l’informatio­n sur la mesure École inspirante n’est pas sortie pendant l’été » autrement que par les chemins très officiels, à plusieurs étapes, du ministère de l’Éducation (MEES) aux commission­s scolaires, des commission­s aux directions d’école, des directions aux enseignant­s. Cette toute nouvelle mesure, rendue publique le 1er juillet et dotée d’une enveloppe de 27 millions, offre un montant pour les activités et sorties éducatives des élèves du primaire et du secondaire, au choix de l’école. Les fonds peuvent être utilisés pour en payer les coûts ou pour bonifier le financemen­t du ministère de la Culture. La mesure, financée par crédits budgétaire­s du MEES, sera récurrente, assure le ministère.

« C’est un montant appréciabl­e », commente M. Joubert. « Chaque fois qu’on met 1 million, on calcule à peu près que ça veut dire un dollar par enfant. 27 millions, c’est probableme­nt un assez bon montant, mais il faut encore comprendre comment il peut s’articuler avec les autres mesures. »

Car s’y ajoute Sorties scolaires en milieu culturel. « Cette propositio­n de mesure est en voie d’approbatio­n, et les modalités seront très prochainem­ent annoncées au réseau », indique le MEES. « On ne connaît pas encore le montant qui y est attribué ni sa répartitio­n, précise M. Joubert. Ils seront dévoilés au cours des prochaines semaines, mais la mesure est dans les règles budgétaire­s des commission­s scolaires. »

« Ce que fait le RSEM, c’est de célébrer la réaction — et c’est rare qu’on le fait… — et regrouper les informatio­ns. Parce qu’il reste du travail à faire pour simplifier la vie des enseignant­s. On reçoit des coups de fil d’enseignant­s qui veulent organiser des sorties: ils ne connaissen­t ab-so-lu-ment pas les quatre mesures, qui impliquent deux ministères, et qu’on peut combiner ou non. C’est normal, c’est complexe.» Car il est possible de jongler aussi avec la déjà existante mesure d’aide au transport du Conseil des arts et des lettres du Québec, qui permet aux diffuseurs de rembourser jusqu’à 40 % du coût de transport des élèves, ainsi qu’avec la mesure de concertati­on régionale en cultureédu­cation. Si cette dernière existait déjà, elle était relativeme­nt peu dotée. Elle se voit bonifiée, explique M. Joubert, et s’applique sur un spectre plus large, couvrant les services de garde en milieu scolaire, les écoles privées, les diffuseurs en arts de la scène de Québec, qui n’étaient pas couverts. C’est là que devrait être injectée une grande part des 35 millions sur cinq ans de la mesure 9 du plan d’action de la nouvelle politique culturelle. « C’est complexe, conclut le porte-parole. Au RSEM, on aimerait développer des outils pour que ça devienne facile d’aller chercher ces sous-là. C’est la prochaine étape, nécessaire, pour aider les enseignant­s. »

On reçoit des coups de fil d’enseignant­s qui veulent organiser des sorties : ils ne connaissen­t abso-lu-ment pas les quatre mesures, qui impliquent deux ministères, et qu’on peut combiner

JEAN-PHILIPPE JOUBERT

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