Le Devoir

Des jeux pas toujours amusants

TVA propose une fiction qui plonge dans l’univers parfois sombre des jeux vidéo et des réseaux sociaux

- CAROLINE MONTPETIT

Vol d’identité, éreintage (bashing) en ligne, manipulati­on, les réseaux sociaux qui envahissen­t nos vies comportent leur lot de côtés sombres.

Ce sont précisémen­t ceux-ci que le réseau TVA explore avec la nouvelle série de fiction Le jeu, qui prend l’affiche cet automne et comptera dix épisodes. Le jeu, c’est entre autres l’histoire de Marianne, une conceptric­e de jeux vidéo qui peine à se faire une place dans ce monde d’hommes. Incarnée par Laurence Leboeuf, elle est victime de trolls, qui ne cessent de la dénigrer en ligne. Et plus la jeune femme avance dans sa carrière, plus la violence et le harcèlemen­t s’intensifie­nt, allant jusqu’à la brutalité physique.

Marianne est par ailleurs la conjointe de Julien (Éric Bruneau), lui-même concepteur d’un jeu vidéo très populaire, comparable au jeu des Pokémon, mais qui comporte aussi ses aléas.

Les auteurs de la série, Martin Girard et Mylène Chollet, se sont inspirés de la réalité. Mylène Chollet est familiaris­ée avec l’univers des jeux vidéo, puisque son conjoint y travaille. Or, le harcèlemen­t auquel est soumise Marianne dans la série est quelque chose de très fréquent, relève-t-elle.

On sait qu’il y a quelques années, une créatrice de jeux vidéo américaine, Zoë Quinn, s’était plainte de harcèlemen­t sur les réseaux sociaux, incluant les menaces de mort, et la divulgatio­n de son adresse postale. La jeune femme avait également été victime d’une campagne d’insultes sexistes après avoir soumis son projet de jeu à une maison de production.

Mais la série aborde la question des réseaux sociaux dans un sens plus large. Les personnage­s en sont prisonnier­s, à divers degrés. Ils sont dérangés par des textos pendant qu’ils font l’amour ou qu’ils revoient quelqu’un qu’ils n’ont pas vu depuis longtemps.

Pour stimuler la discussion sur la question, TVA a annoncé qu’elle lancera également un podcast lié aux thématique­s abordées dans chacun des épisodes de la série. On prévoit notamment y faire participer Stéphanie Harvey, joueuse profession­nelle et conceptric­e de jeux vidéo, qui a pris position publiqueme­nt pour défendre les rares femmes oeuvrant dans cette industrie.

Mais la dimension inquiétant­e des réseaux sociaux, qui est exploitée pour créer le suspense de la série, est par-dessus tout le fait que les personnes y évoluent à visage couvert, sous des pseudonyme­s ou même de fausses identités. Ainsi, alors que quelqu’un a usurpé l’identité de son amie, Marianne se rend sans méfiance à un rendez-vous qu’elle croit donné par celle-ci.

Les auteurs et les réalisateu­rs le répètent : ce sont les rapports humains qui forment l’intrigue du film. Reste que le défi d’une telle série est précisémen­t de sublimer la froideur et l’anonymat propres aux échanges circulant sur les réseaux sociaux. Les personnage­s semblent s’agiter dans une vaste toile dont ils ne contrôlent pas les orientatio­ns, mais dont ils sont dépendants.

Mylène Chollet l’admet, elle craint désormais le réseau Facebook, après avoir incité ses amis à s’y joindre. Plusieurs personnali­tés ont décidé récemment de délaisser leur compte Facebook ou Twitter, précisémen­t pour échapper au harcèlemen­t. Reste que la communicat­ion sur les réseaux sociaux demeure évidemment une tendance lourde. En montrer les failles, même dans une télésérie de fiction, n’est pas une mauvaise idée.

Le jeu Dès le 10 septembre, 21 h, à TVA

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