Le Devoir

Malgré la guerre commercial­e, Washington et Pékin discutent

- CHRISTOPHE VOGT À WASHINGTON AGENCE FRANCE-PRESSE

De nombreux produits chinois et américains sont devenus 25 % plus chers jeudi, mais des négociatio­ns discrètes se poursuiven­t pour tenter d’éviter l’escalade entre Pékin et Washington tandis qu’un accord semble à portée de main avec le Mexique dans l’autre conflit commercial déclenché par Donald Trump.

Depuis jeudi, ce sont désormais pour 100 milliards de dollars d’échanges commerciau­x entre les deux pays qui sont lourdement taxés. C’est un septième du total de leurs échanges et l’impact commence à se faire sentir et à inquiéter.

Pour tenter de trouver un terrain d’entente et mettre fin à ce cycle, des négociateu­rs américains et chinois discutent depuis mercredi dans la capitale américaine et dans la plus grande discrétion.

La tenue même de la rencontre qui s’est poursuivie jeudi a été perçue par les marchés comme un signe positif après une longue période sans contact, même si le président Trump a dit lundi ne pas « en attendre grand-chose ».

« Le fait qu’ils aient envoyé des subalterne­s laisse à penser qu’ils ne vont pas discuter des points les plus importants », a estimé jeudi l’ancien ministre du Commerce de George W. Bush Carlos Gutierrez sur CNBC.

Pour le gouverneme­nt Trump, qui a déclenché les hostilités et qui accuse la Chine de pratiques « déloyales » et de « vol de propriété intellectu­elle », l’objectif reste d’intensifie­r la pression sur le géant asiatique pour l’amener à ré- duire son colossal excédent commercial avec les États-Unis.

Face à Pékin, les États-Unis se sentent en position de force et le font savoir. « Nous avons beaucoup plus de munitions qu’eux. Ils le savent », a dit Wilbur Ross, ministre américain du Commerce.

« Notre économie est bien plus forte que la leur », a-t-il lancé, comptant sur « le patriotism­e » des entreprise­s américaine­s pour faire contre mauvaise fortune bon coeur.

Pour augmenter encore la pression, le gouverneme­nt américain envisage de taxer 200 milliards de dollars d’importatio­ns chinoises de plus.

Pékin, qui pourrait vite se trouver à court d’importatio­ns américaine­s à taxer, pourrait choisir d’accroître la pression réglementa­ire et fiscale sur les entreprise­s américaine­s installées en Chine, Boeing, Apple et groupes automobile­s en tête.

Par ailleurs, le président Donald Trump a choisi le jour de la visite de la délégation chinoise pour se féliciter de l’adoption d’une loi (FIRRMA) renforçant le contrôle de Washington sur les investisse­ments étrangers sur le territoire américain.

Cette loi donne davantage de marge de manoeuvre au CFIUS, le Comité sur les investisse­ments étrangers, qui pourra désormais bloquer davantage de rachats ou de participat­ions jugées délicates.

« Ils ne voleront plus nos compagnies, et particuliè­rement celles qui sont très complexes », a lancé le président Trump sans nommer précisémen­t la Chine. «Nous protégeron­s les bijoux de propriété intellectu­elle de l’Amérique des investisse­ments étrangers nuisibles. »

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CHINATOPIX VIA ASSOCIATED PRESS À Guangzhou, en Chine, une affiche mentionnai­t la semaine dernière que les consommate­urs américains allaient devoir payer 25 % plus cher, en conséquenc­e de la guerre commercial­e entre les deux pays.

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