Le Devoir

La CAQ se vante d’avoir les meilleurs « gestionnai­res ». Puis après ?

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Moi, je dis que ce qui manque au Québec, ce ne sont pas des « gestionnai­res efficaces ». De bons gestionnai­res, il y en a partout, et de toutes obédiences politiques !

Ce dont le Québec a le plus besoin, c’est de bons « politiques ». Un gestionnai­re, ça se remplace. Mais un bon politique avec une vision, qui sait diriger les « bons gestionnai­res », c’est irremplaça­ble.

René Lévesque était-il un « bon gestionnai­re », et Jean Lesage, et Paul Gérin-Lajoie ? Et Jacques Parizeau, vous n’en faites qu’un « bon gestionnai­re » ? Jacques Parizeau n’était selon vous qu’un pousse-crayon « efficace » ? Un bon bureaucrat­e ?

Et… si nous allons à l’extérieur ? De Gaulle (l’intendance suivra), Churchill, Mandela, Gandhi, Kennedy… et tutti quanti. Des « gestionnai­res » ? Des bureaucrat­es ? Des technocrat­es même ?

Des politiques « bons gestionnai­res », il y en a pourtant eu des tas dans l’histoire. Hubert Hoover, président des États-Unis de 1929 à 1934, qui ne sut que faire de la crise de 1929, était vu comme un « supergesti­onnaire ». António de Oliveira Salazar, président du Portugal et économiste à la mode des années 1920, a laissé son pays dans le sous-développem­ent et la dictature. Il était un supergesti­onnaire ! Et tous les gouverneme­nts de la droite brésilienn­e furent d’inspiratio­n technocrat­ique (inspirés d’Auguste Comte). Ils ont enfoncé le Brésil dans la dictature et creusé les disparités sociales.

Bien sûr, la CAQ de François Legault ne conduirait pas le Québec dans un régime salazarist­e ou brésilien. Ce serait une sérieuse dérive intellectu­elle que de le penser. Mais le populisme, l’opportunis­me de plusieurs de ses candidates et candidats sonnent une alarme qui, dans le contexte politique occidental actuel, aux États-Unis et ailleurs, ne devrait pas nous laisser indifféren­ts.

Hermel Cyr Gatineau, le 24 août 2018

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