Le Devoir

Un bouclier qui s’effrite…

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Je vous demanderai­s d’avoir une petite pensée pour nous… les artistes dont les créations s’adressent aux écoliers. Notre vie n’est pas facile. Au cours de la dernière décennie, nous avons vécu trois boycottage­s de nos créations, utilisés comme moyens de pression par les enseignant­s. Ces actions peu courtoises ont occasionné des dommages considérab­les dans notre travail et, par conséquent, dans nos vies de famille.

Voici maintenant que le ministère de l’Éducation décide, semble-t-il, d’autoriser un gel ou encore des coupes draconienn­es dans les budgets consacrés aux activités culturelle­s destinées aux écoles. Cependant, les raisons me sont obscures et, à la limite, injustifia­bles.

Comme 80 % des revenus de mon théâtre de marionnett­es dépendent du milieu scolaire, encore une fois, mon théâtre se retrouve dans une situation critique.

C’est à se demander si les artistes ne sont pas les boucs émissaires des errances que vit notre société. Pourtant, c’est nous qui apportons cet accès à l’invisible, la fantaisie, l’imaginaire, et c’est nous qui avons cette responsabi­lité d’émerveille­ment.

J’aime bien l’accueillan­t service gouverneme­ntal qui se nomme « aide sociale », car j’anticipe un avenir sombre pour nous, les quelques milliers d’artistes jeunesse d’un Québec irréfléchi qui auront à frapper à cette porte.

Louis Bergeron, théâtre Marionnett­es du bout du monde Québec, le 25 août 2018

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