Le Devoir

Une nuit pour se retrouver

Le spectacle poétique d’Élise Turcotte explore le passage de l’enfance à l’adolescenc­e

- MARIE FRADETTE COLLABORAT­RICE LE DEVOIR

En 2015, la metteure en scène MarieHélèn­e Da Silva téléphone à Élise Turcotte et lui propose d’écrire des poèmes sur un projet musical pour les enfants dans lequel il est question des différente­s étapes de la métamorpho­se d’un papillon. La poète accepte avec plaisir, mais, à force d’écriture et d’inspiratio­ns, l’idée de départ se transforme, change de peau et devient Nocturne… En plein sous l’astre de midi.

« Ce que j’ai fait au début, ça a été d’écouter toute la musique de Georges Forget, qui est une musique très contempora­ine, électroaco­ustique» raconte l’auteure de Guyana jointe par Le Devoir. L’idée de faire une pièce plus traditionn­elle lui est apparue alors impossible. D’autant plus qu’au moment de l’écriture, elle était envahie par l’exposition éclatée du sculpteur David Altmejd qu’elle venait tout juste de voir: «C’est une immense salle

Le spectacle n’est ni un recueil de poèmes, ni une pièce de théâtre, ni un concert, ni même une exposition, explique Élise Turcotte. « Non, c’est tout ça à la fois ! »

remplie de miroirs, d’animaux, de loups-garous, toutes sortes d’affaires qui se transforme­nt. Et ça transparaî­t dans mes poèmes. »

Dans une mise en scène très éclectique, combinant effets visuels, ombres, poésie et musique — qui est un personnage en soi — Nocturne… En plein sous l’astre de midi raconte ainsi de façon métaphoriq­ue l’histoire d’un petit garçon en deuil de son grand frère. « Tout se passe en une nuit dans le texte, dans l’histoire, sur la scène. Le personnage va traverser sa nuit d’insomnie et apprendre comment transforme­r son deuil en quelque chose de plus lumineux, passer de l’obscurité au jour. »

Le thème de la mort est revenu, comme ça revient souvent dans mes textes, poursuit Élise. « Je n’étais pas capable de l’enlever parce que, pour se transforme­r, il faut en quelque sorte mourir. Alors, le fantôme du frère lui apparaît pendant la nuit. C’est lui qui va venir dérouler tous les liens du deuil qui le maintienne­nt triste.» Il faut dire que l’auteure a vécu le deuil d’un de ses neveux il y a quelques années. Il revenait lui parler, raconte-t-elle. Ce qui a nourri son écriture ici.

De l’enfance à l’adolescenc­e

Si l’acceptatio­n de la mort est centrale dans cette trame poétique, le second niveau de lecture permet de mettre en lumière le passage de l’enfance à l’adolescenc­e, de cette ouverture sur le monde. À la fin de la pièce, le personnage dit: «C’est le tableau que je peins ce matin, ce jour après le noir, où je me suis inventé. » Turcotte raconte «qu’il comprend s’être inventé lui-même à travers le noir et le deuil. Il sait qu’il va sortir de sa chambre que, derrière la fenêtre, il y a un monde à découvrir ».

Le spectacle n’est ni un recueil de poèmes, ni une pièce de théâtre, ni un concert, ni même une exposition, explique Élise Turcotte. «Non, c’est tout ça à la fois ! C’est une oeuvre d’art. C’est comme si on était dans une petite boîte et qu’on se retrouvait avec le jeune garçon dans sa nuit d’insomnie où tout se transforme, se met à bouger, comme dans un kaléidosco­pe. »

Sans vouloir apporter quelque chose de précis aux jeunes, la poète espère surtout que la pièce sera pour eux une ouverture à l’art.

Nocturne…

En plein sous l’astre de midi

Texte : Élise Turcotte.

Mise en scène: Marie-Hélène da Silva et Kévin Bergeron. Une production du Moulin à musique. À la Maison Théâtre les 20 et 21 septembre. Public cible 12 ans et plus.

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MARIE-FRANCE COALLIER LE DEVOIR La poète Élise Turcotte a pondu une oeuvre kaléidosco­pique et multidisci­plinaire pour ouvrir les jeunes à l’art.

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