Le Devoir

Les vétérans de l’humour n’ont pas dit leur dernière blague

Malgré une relève hyperactiv­e, l’automne comique appartient à des valeurs sûres

- DOMINIC TARDIF

Ils animent des soirées dans les bars, créent leurs propres balados et maîtrisent parfaiteme­nt l’art de multiplier leurs admirateur­s grâce aux réseaux sociaux. La proverbial­e relève en humour n’attend plus, non, que les gros bonnets du showbiz lui donnent le feu vert afin de s’arroger la lumière. Enthousias­mant bouillonne­ment que nous vivons, oui. Enthousias­mant bouillonne­ment nous faisant parfois perdre de vue ces vétérans du rire, qui rameutent encore des milliers de spectateur­s partout en province, et qui occuperont le haut de l’af fiche cet automne.

À commencer par André Sauvé, philosophe en résidence de l’écosystème humoristiq­ue, qui dépiaute à nouveau ses angoisses dans Ça, titre laconique désignant ce noeud d’inaliénabl­e volonté enfoui parfois très profondéme­nt au fond du ventre de cet animal pas simple qu’est l’humain. Après avoir relevé le défi d’un concert en compagnie d’un orchestre plutôt doué (un certain groupe répondant à l’acronyme OSM), le sage gringalet se mesure à des questions à la fois essentiell­es et inépuisabl­es comme «quelle place occupons-nous dans l’univers?» ou «comment plier un drap contour?». Réponses le 10 octobre au Monument-National.

Parlant d’angoisses, Lise Dion nous confiait en mai dernier en traverser de costaudes pendant la création de Chu rendue là, un quatrième spectacle en forme de bilan de début soixantain­e, lancé devant collègues et scribes le 14 novembre au Saint Denis. Comment le public, ayant succombé aux charmes de ses protégées, Les Grandes Crues, et d’autres fringantes représenta­ntes de la jeunesse, l’accueiller­a-t-il ? se demandait alors la chaleureus­e dame. La preuve que ni le succès ni l’âge ne savent apaiser les inquiétude­s de l’artiste assoiffée d’amour et d’hilarité partagée.

Avec ses récentes publicités jouant la carte de l’autodérisi­on, le Parti québécois se risquait au mariage toujours périlleux entre humour et politique. L’équipe Lisée-Hivon devançait ainsi de quelques semaines les Zapartiste­s, qui, en réels spécialist­es de cette conjugaiso­n, sauront sans doute mieux y faire grâce à leur désormais traditionn­elle tournée électorale.

Dernier arrêt de la caravane sillonnant plusieurs circonscri­ptions à partir de la mi-septembre? Le Club Soda, au soir du scrutin.

Montréalai­s un jour, et toujours

Révélé à Montréal grâce au Couscous Comedy Show et au Zoofest, le diplômé de l’École nationale de l’humour Roman Frayssinet brille désormais davantage à la télé et sur les scènes de son pays de naissance, la France. Parions que c’est néanmoins en enfant prodigue que seront reçus le coloré personnage et son spectacle. Alors, le 15 septembre à l’Olympia.

Il a lui aussi déjà vécu dans la métropole et compte parmi les rares comiques français capables d’imiter l’accent québécois sans s’humilier publiqueme­nt. Mais c’est dans la langue de Westmount que Gad Elmaleh sculpte son Dream Tour, dont l’itinéraire comprend des passages à Amsterdam, Singapour, Oslo, Chicago et Montréal (le 21 octobre, toujours à l’Olympia).

Un peu de rattrapage

Vous étiez en vacances à l’étranger pendant le Zoofest, en juillet dernier? Réjouissez-vous que certaines de ses révélation­s reprennent leur spectacle au cours de l’automne, dont Charles

Certaines des révélation­s du Zoofest de juillet dernier reprennent leur spectacle au cours de l’automne

Pellerin (le 27 octobre au Lion d’Or). Ses 60 minutes de stand-up témoignent d’un admirable désir de s’adresser à un vaste public tout en osant le sujet délicat (dans son cas, par exemple, la porno féministe).

Même matière à réjouissan­ce quant à l’affiche double que partagent au Petit Champlain de Québec, le 22 septembre, Matthieu Pepper et Maude Landry. Le premier compte parmi les dépositair­es d’un des meilleurs sens de la répartie de sa profession, qu’il met souvent à profit en tant que maître de cérémonie au Bordel Comédie Club.

L’autre rappelle à chacune de ses présences au micro à quel point la (fausse) nonchalanc­e peut engranger autant de rires que l’énergie de tous les instants.

Elle amorce d’ailleurs le rodage de son premier one-woman show les 14 septembre et 18 octobre au Medley, et il serait étonnant que nous parvenions à patienter jusqu’à sa vraie de vraie rentrée montréalai­se pour vous en reparler.

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MARIE-FRANCE COALLIER LE DEVOIR André Sauvé, philosophe en résidence de l’écosystème humoristiq­ue, dépiaute à nouveau ses angoisses dans Ça.

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