Le Devoir

Ian Manook en James Ellroy!

Nouveau pseudonyme, nouvelle série gore, même plaisir d’écrire

- MICHEL BÉLAIR COLLABORAT­EUR LE DEVOIR

En entrant dans cette histoire impossible, vous serez d’abord envahi par un indéniable plaisir de lecture. Dès les toutes premières pages, en effet, le lecteur est happé par cet irrésistib­le talent de conteur qui a fait le charme et le succès des Yeruldelgg­er. Il n’y a aucun doute: Ian Manook, ou plutôt Roy Braverman, sait vraiment y faire!

Nous sommes toutefois bien loin de la Mongolie: dans les Appalaches, pour être plus précis, en pleine tempête de neige. Un homme suit une voiture dans les collines et lorsqu’elle s’arrête à un bar dans un village perdu… tout dérape. L’homme parvient à peine à mettre la main sur celui qu’il poursuivai­t avant que la lame d’une déneigeuse s’enfonce dans le vieil hôtel en arrachant les fils électrique­s du voisinage et fasse exploser les réservoirs de propane en semant la panique.

C’est tout juste si, dans la bourrasque, le train de marchandis­es qui s’amène réussira à freiner avant de dévaster davantage la zone sinistrée en proie aux flammes. À elle seule, la scène vaut déjà plus que ce que pourra jamais en donner l’adaptation cinématogr­aphique qui s’annonce.

Mais nous n’en sommes qu’au tout début! Il y aura des hectolitre­s d’hémoglobin­e, des poursuites et beaucoup de cadavres, certains cachés dans la neige et d’autres cloués aux arbres par un tir d’arbalète.

Des femmes séquestrée­s depuis plus de dix ans aussi et transformé­es en esclaves sexuelles ; des gens qui souffrent aux mains de personnage­s dégueulass­es et éminemment crédibles, salauds de la pire espèce se donnant tous les droits.

Et d’autres aussi, dévastés, qui veulent se faire justice puisque, justement, la justice en prend pour son rhume sur Murder Drive. Comme on le dit sur la quatrième de couverture: «Un serial killer peut en cacher un autre. Ou deux.»

Ian Manook avait déjà laissé entrevoir dans la série des Yeruldelgg­er une certaine propension pour la littératur­e gore, mais ici, il se surpasse: à certains moments, on croirait lire du James Ellroy ou du Bret Easton Ellis. Les amateurs du genre vont avoir l’occasion de se rassasier puisque ce Hunter n’est que le premier d’une série de trois livres développan­t les mêmes personnage­s: Crow puis Freeman (le très beau personnage du policier noir rencontré ici) devraient suivre d’ici 2020 chez le même éditeur.

Dernière précision. Tout ce goût du détail sanglant, toute cette horreur banalisée sont, bien sûr, ficelés dans une écriture qui roule à cent à l’heure en vous laissant à peine le temps de respirer. Brrrr. On vous souhaite de parvenir à dormir quand même…

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FRANÇOISE MANOUKIAN L’auteur signe ici le premier de troisù livres développan­t les mêmes personnage­s.
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Hunter★★★Roy Braverman (alias Ian Manook, alias Patrick Manoukian), Hugo – Thriller, Paris 2018, 354 pages

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