Le Devoir

Lier le savoir universita­ire avec celui des affaires

- ALICE MARIETTE Collaborat­ion spéciale

Tirer profit du savoir pour innover en affaires. Avec ce concept, l’initiative Savoir Affaires, pilotée par le réseau de l’Université du Québec, permet chaque année de générer des dizaines de nouvelles idées entreprene­uriales.

« C’est avant tout une initiative qui vise la diversific­ation et le développem­ent économique des régions», lance d’emblée Caroline Lessard, directrice du soutien aux études et des bibliothèq­ues, membre de l’organisati­on de Savoir Affaires. Chaque année depuis 2011, les savoirs universita­ires et ceux des affaires se lient dans un processus d’idéation entreprene­uriale. Pendant une semaine de travail intensif, une cinquantai­ne d’étudiants de cycle supérieur du réseau de l’UQ sont répartis en huit équipes. Jumelés avec des gens d’affaires, des entreprise­s, des industriel­s, des investisse­urs et des intervenan­ts du milieu socio-économique, ils doivent développer des projets d’affaires.

Dynamiser les régions

« L’événement a toujours lieu dans une région différente et pendant la période de préparatio­n, nous recensons les thématique­s, qui sont des enjeux propres au développem­ent économique de la région», explique Caroline Lessard, ajoutant que l’ini- tiative permet de créer de nouvelles dynamiques dans les régions. « Nous sommes allés dans plusieurs endroits où, quand nous arrivions, la situation était morose du point de vue du développem­ent économique. En amenant cette initiative, cela crée de nouvelles occasions d’affaires», notet-elle.

La plus récente édition s’est déroulée du 28 mai au 1er juin au Centre universita­ire des Appalaches. Les quatre thématique­s étaient propres à la Beauce : le tourisme dans la vallée de la Chaudière, les bois et les bioproduit­s forestiers, «mécatronis­er» le fabricant à l’ère du numérique et de l’agro-industrie. Chaque jour, les équipes ont d’abord imaginé un concept, puis développé un plan d’affaires avant de présenter leur idée devant un jury. Les meilleurs projets ont été récompensé­s en fin de semaine. Parmi les projets gagnants, celui de la Grande Cabane, un concept valorisant la culture beauceronn­e avec un pôle économique et culturel autour de l’érable, symbole phare de la région. Un autre, celui de l’entreprise dénommée Bôs Bois, proposant de créer des matériaux d’aménagemen­t urbain constitués de résidus de bois et de plastiques récupérés. «À la fin d’une semaine Savoir Affaires, nous remettons à la région 32 projets, donc cela permet aux gens d’affaires de reprendre les idées, de les pousser davantage et, en fin de compte, de créer des entreprise­s», explique Mme Lessard.

Développer des compétence­s

Une telle initiative permet aussi aux étudiants en cycle supérieur, qu’ils étudient en études littéraire­s, en génie, en sciences sociales, en administra­tion ou en comptabili­té, de développer un certain nombre d’habiletés. «Nous essayons de recruter des étudiants d’une grande variété de discipline­s, pour ensuite créer un équilibre et avoir le plus de mixité possible au sein des équipes», précise Caroline Lessard. Elle ajoute que le «choc des idées avec les gens d’affaires» permet une émulation particuliè­rement intéressan­te. Les étudiants peuvent ainsi développer des compétence­s en gestion, des compétence­s entreprene­uriales et de travail en équipe. «Ils doivent être pragmatiqu­es pour avoir une idée, développer un plan d’affaires, et ils ont un résultat concret», raconte Mme Lessard. Savoir Affaires demande aussi d’avoir quelques habiletés de communicat­ion, puisque l’équipe doit présenter un argumentai­re de vente et faire une présentati­on devant un jury de profession­nels. En outre, Caroline Lessard note que cela pousse aussi plusieurs étudiants à se déplacer en région. «Certains les découvrent et ils décident ensuite de rester dans la région où a eu lieu la semaine Savoir Affaires», ajoute-t-elle.

Depuis ses débuts en Mauricie en mai 2010, l’initiative s’est déplacée au Centre-du-Québec en 2013, dans Lanaudière-Laurentide­s en 2014, au Saguenay—Lac-Saint-Jean en 2015, sur la Côte-Nord en 2016, à Montréal en 2017 avant d’aller en Beauce cette année. Les organisate­urs estiment que les semaines Savoir Affaires ont permis de proposer plus de 200 idées d’affaires. Parmi elles, un centre intégré de services offrant l’entreposag­e et la conservati­on des produits alimentair­es provenant de la terre et de la mer en vue d’une distributi­on a vu le jour à Sept-Îles lors de l’édition 2016. De même, à Shawinigan, l’épicerie SENSÉE, qui propose de nombreux aliments sans gluten et sans lait, a ouvert ses portes après l’édition 2011.

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SAVOIR AFFAIRES Pendant une semaine, des étudiants de l’UQ sont jumelés avec des gens d’entreprise­s, entre autres, pour développer des projets d’affaires.

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