Le Devoir

Démocratis­er l’éducation

- ALICE MARIETTE Collaborat­ion spéciale

En 50 ans, la population étudiante de l’Université du Québec (UQ) a considérab­lement augmenté, tandis que la proportion d’étudiants de première génération a diminué.

Depuis 1970, le nombre d’inscrits dans le réseau UQ a connu une hausse de quelque 143%. «En plus d’augmenter, la population étudiante devient un peu plus “traditionn­elle”», lance Sylvie Bonin, agente de recherche institutio­nnelle à l’UQ. Elle constate ainsi un rajeunisse­ment de la clientèle, une diminution de la part du temps partiel, des étudiants de première génération (EPG) moins nombreux, davantage d’étudiants aux cycles supérieurs et une part croissante d’étudiants étrangers.

Étudiants de première génération

Les EPG, qui sont les premiers de leur famille à accéder aux études universita­ires, représente­nt un enjeu majeur pour le réseau. Selon l’enquête ICOPE (Indicateur­s de conditions de poursuite des études) réalisée par l’UQ, la proportion des EPG était de 58% en 2011. En 2016, celleci était plutôt de 50%. «La part des étudiants de première génération est en baisse, et c’est tant mieux; le contraire serait choquant», estime Sylvie Bonin.

En outre, ceux-ci doivent souvent composer avec des défis que les étudiants de deuxième génération rencontren­t peut-être moins souvent. Ils bénéficien­t par exemple moins du soutien de leurs parents et doivent définir leur projet d’études seuls. «Parfois, la famille ne comprend pas pourquoi ils veulent aller à l’université, d’autres fois, elle comprend et veut soutenir, mais elle n’a pas toujours les outils pour bien encadrer», explique Mme Bonin. Dès le secondaire, ils sont aussi plus nombreux à assumer des responsabi­lités financière­s. Leurs aspiration­s scolaires sont ainsi en général moins élevées et beaucoup vont faire une pause après le secondaire. «On en perd à chaque ordre d’enseigneme­nt, car ils veulent s’insérer dans le marché du travail au plus vite», commente Mme Bonin.

Plusieurs étudiants de première génération arrivent d’autre part à l’université en étant déjà sur le marché de l’emploi. «Ils sont plus vieux et ont donc souvent plusieurs responsabi­lités, explique l’agente de recherche. Même si souvent le projet d’études est plus réfléchi, compte tenu de leur réalité, ils font alors des choix peut-être plus à risque, comme étudier à temps partiel.»

Équité d’accès

Si les EPG sont de moins en moins nombreux, il reste du travail à faire pour que le Québec augmente sa population hautement scolarisée. «Il faut notamment valoriser les études et bien accompagne­r les projets», souligne Sylvie Bonin. Par ailleurs, elle insiste sur l’importance de continuer d’étendre les accès à l’éducation, car la proximité des établissem­ents est un facteur déterminan­t pour les EPG. «Aussitôt que l’on couvre une partie du territoire, on récupère beaucoup de gens qui ne seraient pas allés à l’université autrement », relève-t-elle.

Outre les EPG, plusieurs groupes sociocultu­rels restent sous-représenté­s dans les université­s, à l’instar des étudiants en situation de handicap, des Premières Nations ou encore de ceux issus de familles à faibles revenus. «On fait de gros efforts, mais ils sont toujours moins nombreux et, une fois qu’ils sont entrés, le taux de persévéran­ce est moins ancré », précise Mme Bonin. Les hommes sont aussi moins présents dans les programmes de cycles supérieurs, ajoute-t-elle, avec dix points d’écarts.

Enseigneme­nt coopératif

Une façon de favoriser la conciliati­on travail et études universita­ires est l’enseigneme­nt coopératif, où alternent périodes d’études et périodes de travail. Par exemple, à l’École de technologi­e supérieure (ETS), les stages sont obligatoir­es. «Cela est inscrit dans notre mission d’enseigneme­nt», fait valoir Pierre Dumouchel, directeur général de l’ETS. Il explique que les étudiants avaient très souvent des offres d’emploi avant d’avoir terminé leurs études. Ce mode d’enseigneme­nt leur permet d’aller jusqu’au bout de leur cheminemen­t scolaire. Ce type d’enseigneme­nt teinte aussi la formation, ajoute M. Dumouchel. «Un étudiant qui revient de stage influe sur les contenus des cours», dit-il.

Ces stages sont en outre toujours rémunérés. Selon les chiffres de M. Dumouchel, cela rapporte 42 000$ à l’étudiant pour sa formation. En plus d’être intéressan­te pour les étudiants, la formule intéresse beaucoup les entreprise­s, l’offre dépassant même la demande. Le directeur de l’établissem­ent indique que, l’année dernière, pas moins de 5300 offres de stages ont été présentées pour 3700 stagiaires.

Les étudiants de première génération représente­nt un enjeu majeur pour le réseau. Selon une enquête, leur proportion est passée de 58 % en 2011 à plutôt 50 % en 2016.

Ce cahier spécial a été produit par l’équipe des publicatio­ns spéciales du Devoir, grâce au soutien des annonceurs qui y figurent. Ces derniers n’ont cependant pas de droit de regard sur les textes.

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ETS Une façon de favoriser la conciliati­on travail et études universita­ires est l’enseigneme­nt coopératif, où alternent périodes d’études et périodes de travail. Par exemple, à l’École de technologi­e supérieure (ETS), les stages sont obligatoir­es.

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