Le Devoir

Un outil de développem­ent économique en région

- ETIENNE PLAMONDON EMOND Collaborat­ion spéciale

En plus de créer de nombreux emplois, le réseau de l’Université du Québec (UQ) a aidé et continue de soutenir de nombreuses entreprise­s ou secteurs industriel­s dans la province. Aperçu d’une contributi­on souvent ignorée.

Le recteur de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), Daniel McMahon, se targue d’être l’un des plus importants employeurs de la Mauricie, avec des effectifs dépassant 1700 personnes. En 2016, une étude de l’Université du Québec évaluait que l’établissem­ent trifluvien engendrait des retombées économique­s annuelles d’environ 695 millions de dollars.

Mais à travers son histoire, l’UQTR a stimulé le développem­ent économique au-delà des frontières de la Mauricie et du Centre-du-Québec qu’elle dessert. Les petites et moyennes entreprise­s du Québec, qui représente­nt au moins 98 % des entreprise­s de la province et le gagne-pain de neuf salariés sur dix dans le secteur privé, doivent une fière chandelle à une poignée de chercheurs visionnair­es de cet établissem­ent qui, dès le milieu des années 1970, ont décidé d’étudier et d’accompagne­r ces organisati­ons. Les économiste­s Joseph Chicha et Pierre-André Julien avaient alors décidé de créer un noyau de recherche sur ces PME alors mal comprises, ici comme ailleurs dans le monde. Leurs travaux ont notamment dévoilé que ces organisati­ons ne doivent pas être analysées à l’aide de la même grille que celle employée pour les grandes entreprise­s et qu’elles feraient mieux de miser sur des avantages concurrent­iels distincts, comme leur flexibilit­é.

En 1997, l’UQTR met sur pied l’Institut de recherche sur les PME, qui épaule les organisati­ons par l’entremise de professeur­s issus de discipline­s variées. Sa pertinence n’a pas diminué depuis. « Dans l’accompagne­ment des PME à prendre le virage technologi­que actuel, il y a un diagnostic qui doit être fait dans les organisati­ons et un plan de match pour pouvoir les amener à être de plus en plus compétitiv­es, souligne M. McMahon, comptable de formation. Il faut être capables de mieux outiller nos entreprise­s manufactur­ières et leur donner la formation nécessaire. »

La vitalité des régions

À l’extérieur des grands centres, les établissem­ents d’enseigneme­nt supérieur de Rouyn-Noranda, Gatineau, Saguenay, Rimouski et Trois-Rivières ont eu une contributi­on à la vie économique «considérab­le», note Pierre Fortin, professeur au Départemen­t des sciences économique­s de l’Université du Québec à Montréal. «Un entreprene­ur ou un dirigeant d’entreprise, autour de ces cinq villes, a un accès [direct] à des connaissan­ces universita­ires en gestion ou en technologi­e pour l’aider à développer la main-d’oeuvre dont il a besoin ou à résoudre des problèmes économique­s ou technologi­ques, souligne-t-il. Le réseau de l’UQ a facilité la transmissi­on du savoir, le transfert de technologi­e et le développem­ent de compétence­s appropriée­s dans les régions selon les besoins de chacune d’entre elles. »

Outre leur proximité physique, les établissem­ents implantés à l’extérieur de Montréal et de Québec sont depuis longtemps le terreau de projets de recherche portant sur des secteurs névralgiqu­es dans l’économie de leur région, comme les mines à l’Université du Québec en Abitibi (UQAT), l’aluminium à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) ou la mer à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR). «La première vague de recherches, durant près d’une décennie, était très axée sur les ressources naturelles», rappelle Nicole Bouchard, rectrice de l’UQAC. Dans son établissem­ent, plusieurs recherches partenaria­les ont alors été effectuées avec les industries forestière­s et de l’aluminium.

Démarrer des entreprise­s

Mais les constituan­tes de l’UQ ne se contentent plus d’aider les entreprise­s existantes à grandir ou à s’adapter: elles cherchent à favoriser l’émergence de jeunes pousses. En 1996, l’École de technologi­e supérieure a donné le ton en fondant le Centre d’entreprene­uriat technologi­que — le Centech — pour aider à la commercial­isation d’inventions nées entre ses murs. Alors que cet incubateur s’apprête à s’agrandir sur le site de l’ancien Planétariu­m Dow à Montréal, chaque université se dote de son centre d’entreprene­uriat pour épauler ses étudiants et ses professeur­s qui souhaitent se lancer en affaires, comme le font Entreprene­uriat UQAR à Rimouski et le Centre d’entreprene­uriat et d’essaimage de l’UQAC à Saguenay.

« Il se fait un effort magnifique de ce côté» , souligne Marc-Urbain Proulx, professeur au Départemen­t des sciences économique­s de l’UQAC, qui mène en ce moment une recherche sur le rôle du réseau de l’UQ dans le développem­ent régional. «Mais l’environnem­ent économique dans lequel ils oeuvrent ne donne pas suffisamme­nt d’occasions pour rendre justice à leurs efforts.»

Il remarque encore une dépendance des régions aux grandes entreprise­s du secteur des ressources naturelles, alors que celles dans la transforma­tion préfèrent s’implanter près des grands centres. «Les entreprise­s ne poussent pas comme des champignon­s en région périphériq­ue. Cela ne veut pas dire qu’il faut arrêter les efforts, mais cela veut dire que les université­s, dans un futur proche, doivent se poser des questions sur les outils qui pourraient nous aider à enrichir l’environnem­ent économique afin de permettre à l’entreprene­uriat soutenu de réussir. »

« Un entreprene­ur ou un dirigeant d’entreprise, autour de ces cinq villes, a un accès [direct] à des connaissan­ces universita­ires en gestion ou en technologi­e pour l’aider à développer la main-d’oeuvre dont il a besoin »

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GÉRALD DALLAIRE LE DEVOIR Les établissem­ents implantés à l’extérieur de Montréal et de Québec sont depuis longtemps le terreau de projets de recherche portant sur des secteurs névralgiqu­es dans l’économie de leur région, comme les mines à l’Université du Québec en Abitibi.

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