L’UQ et les Autochtones, une collaboration naturelle
Un plus grand intérêt se fait sentir depuis quelques années autour des questions autochtones, mais ce n’est pas d’hier que le Réseau de l’Université du Québec (UQ) travaille en collaboration avec les communautés autochtones. Et aujourd’hui, les projets se multiplient entre les murs de ses établissements.
«Il y a un intérêt beaucoup plus marqué autour des communautés aujourd’hui, et il y a plus d’Autochtones partout, que ce soit dans les universités ou sur la place publique, affirme Carole Lévesque, anthropologue et professeure-chercheuse au Centre urbanisation culture société de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS). Mais quand on reporte tout ça à une échelle temporelle, on se rend compte que ça bougeait déjà beaucoup, autour des années 1970. »
Celle qui se consacre aux questions autochtones depuis plus de 45 ans rappelle alors le livre blanc du gouvernement fédéral, en 1969 — officiellement connu comme étant La politique indienne du gouvernement du Canada. « Les gens ne s’en souviennent pas, mais c’était une époque effervescente pour les revendications autochtones», ajoute la professeure.
Géographiquement situées à proximité de plusieurs communautés autochtones, l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) et l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) ont naturellement été des figures de proue dans ce mouvement à l’intérieur du réseau de l’UQ en développant des projets et des programmes de formation avec les communautés.
«Dès sa fondation, il y a 35 ans, l’UQAT a même inscrit dans son plan stratégique de développer des partenariats avec les communautés autochtones», fait valoir Denis Martel, recteur de l’UQAT.
Une approche qui évolue
Si au départ l’accent est davantage mis sur la formation de maîtres autochtones pour enseigner dans les communautés, une vaste gamme de programmes est ensuite développée autour des réalités autochtones.
L’UQAT a pour sa part mis sur pied l’École d’études autochtones il y a deux ans. «On a créé cette école avec eux pour qu’elle leur ressemble», explique M. Martel. Figurent entre autres dans son offre de cours un certificat en études autochtones, des micro-programmes de premier cycle en intervention enfance-famille en contexte autochtone ou en gestion du tourisme autochtone, ou encore un programme court de 2e cycle en gestion publique en contexte autochtone. «On n’étudie pas les Autochtones; on travaille avec eux, tient à souligner M. Martel. Cette collaboration est fondamentale, et c’est dans l’ADN de l’UQAT et de tout le réseau de l’UQ. »
L’École d’études autochtones offre aussi une panoplie de formations continues. Ces dernières, offertes aux allochtones et aux Autochtones pour aider l’intégration culturelle réciproque, sont souvent demandées, affirme le recteur. « On sent vraiment qu’il y a deux solitudes, les Autochtones et les allochtones, mais que les gens ont envie que ça change. »
« Aujourd’hui, pratiquement toutes les autres universités du réseau ont développé des projets autour des questions autochtones», renchérit Carole Lévesque. Elle parle entre autres de l’UQAM, qui a développé plusieurs choses avec des chaires de recherche qui se sont intéressées à la question autochtone au Québec et au Canada, mais aussi en Amérique du Sud. « C’est une réalité qui dépasse les frontières», rappelle l’anthropologue.
Extrêmement impliquée dans le domaine, Mme Lévesque a quant à elle fondé le réseau DIALOG, ancré à l’INRS, une branche de recherche et de connaissances relatives aux peuples autochtones. «On crée des ponts non seulement entre les chercheurs et des partenaires autochtones, mais aussi entre les types de savoirs scientifiques et autochtones à l’échelle pancanadienne et internationale », explique la professeure. DIALOG est à l’origine de l’organisation de l’Université nomade, un événement annuel de rencontre et de brassage d’idées à l’image des écoles d’été. Franc succès, l’événement en est à sa 15e édition.
De plus en plus d’universitaires
Même si les défis restent grands du côté de l’éducation dans les communautés autochtones, entre autres avec un taux de décrochage scolaire très élevé, l’UQ compte de plus en plus d’étudiants autochtones fréquentant ses établissements. Au total, l’UQAT a pour sa part décerné plus de 750 diplômes à des Autochtones au fil des ans, et plus de 2500 personnes y ont été formées aux réalités autochtones.
Ultimement, l’objectif de l’UQAT serait d’apporter son soutien aux communautés pour qu’elles puissent avoir leur propre université. «On sent que la nouvelle génération est désireuse de participer à son développement», s’enthousiasme M. Martel.
«On a beaucoup investi dans la formation des Autochtones au premier cycle dans les dernières années et, maintenant, certains étudiants demandent même des formations de deuxième et de troisième cycle, ajoute Mme Lévesque. C’est très motivant. »
L’UQ compte de plus en plus d’étudiants autochtones