Le Devoir

Pour des solutions concrètes en enseigneme­nt supérieur

- MARIE-HÉLÈNE ALARIE Collaborat­ion spéciale

Le deuxième rendez-vous des États généraux de l’enseigneme­nt supérieur, qui avait lieu en mai dernier, a permis aux principaux acteurs des cégeps et des université­s de revisiter cette vision humaniste de l’éducation que tous portent à bout de bras.

Le collectif à l’origine des États généraux de l’enseigneme­nt supérieur (EGES) regroupe tous les partenaire­s du milieu. Le projet de ces états généraux a été mis sur pied en 2015 à la demande des membres des syndicats, qui ont ressenti une grande frustratio­n lors de la conclusion du Forum sur l’éducation tenu par le Parti québécois. «On est restés sur notre faim à plusieurs égards parce que l’exercice avait été mené de manière collective, mais il était très court et très encadré», rappelle Caroline Quesnel, présidente de la Fédération nationale des enseignant­es et des enseignant­s du Québec (FNEEQ). «Lors de consultati­ons, le gouverneme­nt restreint souvent la perspectiv­e, ce qui crée un discours ciblé en fonction de ses attentes et non pas en fonction des attentes du milieu. »

Pour ces EGES, on a choisi d’y aller par étapes afin de susciter une réflexion dans les rangs et ainsi bâtir un collectif. «C’est une des originalit­és des EGES; autour de la table, il y a un collectif composé de tous les intervenan­ts en enseigneme­nt supérieur tant au cégep qu’à l’université, des chargés de cours, des professeur­s, des employés de soutien, des chercheurs… et des étudiants», explique Caroline Quesnel. C’est ainsi que, lors d’un premier rendez-vous à Québec en mai 2017, trois grands thèmes ont émergé, trois grands fils conducteur­s qui ressortent comme autant de préoccupat­ions majeures du milieu: le financemen­t, l’administra­tion et la précarité. Ce sont ces thèmes qui ont été abordés lors du deuxième rendez-vous des EGES en mai dernier.

Revendicat­ions collective­s

Le financemen­t est toujours au coeur des revendicat­ions des partenaire­s du collectif, et de la FNEEQ en particulie­r. «On le sait, le réinvestis­sement consenti par le gouverneme­nt lors du dernier budget n’est pas à la hauteur, ce n’est même pas un rattrapage par rapport à ce qu’on avait il y a cinq ou six ans. Cette perte est très dangereuse puisqu’elle amène les administra­tions d’université ou de cégep à se considérer comme des entités qui doivent générer des revenus. On entre alors dans une logique où l’enseigneme­nt est perçu comme une marchandis­e», déplore Caroline Quesnel.

Le collectif revendique un véritable réinvestis­sement parce que l’enseigneme­nt est au centre d’un projet social et que l’école a besoin d’être indépendan­te pour remplir sa mission qui est de former des individus dans une perspectiv­e qui se veut le plus large possible, avec le moins de contrainte­s et le plus d’humanisme possible. Et c’est, selon Caroline Quesnel, le financemen­t qui permet d’y arriver.

La gouvernanc­e, la gestion et la transparen­ce sont d’autres éléments déterminan­ts du projet. «C’est la revendicat­ion de tous les acteurs du milieu : avoir son mot à dire, que ce soit dans les CA, dans les conseils d’études ou dans le processus de réflexion, dit la présidente. C’est l’inclusion et la transparen­ce qu’on réclame. »

Le troisième thème discuté regroupe les précarités, et on a bien insisté sur le pluriel de ce thème, explique Caroline Quesnel. «On considère ici non seulement les conditions de travail du personnel, mais aussi les conditions d’études des étudiants, puisqu’eux aussi ont à conjuguer plusieurs rôles. »

Ces conditions ont un impact direct sur la santé psychologi­que, et particuliè­rement sur celle des étudiants puisqu’ils subissent une immense

« On le sait, le réinvestis­sement consenti par le gouverneme­nt lors du dernier budget n’est pas à la hauteur, ce n’est même pas un rattrapage par rapport à ce qu’on avait il y a cinq ou six ans »

Ce cahier spécial a été produit par l’équipe des publicatio­ns spéciales du Devoir, grâce au soutien des annonceurs qui y figurent. Ces derniers n’ont cependant pas de droit de regard sur les textes. Pour toute informatio­n sur le contenu, vous pouvez contacter Aude Marie Marcoux, directrice des publicatio­ns spéciales, à amarcoux@ledevoir.com. Pour vos projets de cahier ou toute autre informatio­n au sujet de la publicité, contacter iDmedia@ledevoir.com.

pression qui affecte leur santé. C’est une pression semblable qui est présente partout dans le monde de l’enseigneme­nt, où par définition l’enseignant est soumis à un stress constant.

Si le projet des EGES a d’abord pointé des sujets, des préoccupat­ions et des thèmes, lors du deuxième rendez-vous on voulait aller plus loin en soumettant des pistes de solution et en insistant sur des propositio­ns porteuses, sur des éléments à défendre. «En présence de la ministre, des représenta­nts des partis politiques et des représenta­nts patronaux — avec qui on a souvent des points en commun de revendicat­ions —, on a pu transmettr­e notre message, et ce, au seuil de la campagne électorale», souligne la présidente.

«La rentrée va donc se jouer sous l’angle de la campagne. Il a été intéressan­t de mettre sous les yeux des politicien­s des éléments qu’on souhaite voir se refléter un jour dans leurs plateforme­s électorale­s. Il est clair que notre rôle est d’exprimer des attentes… et elles sont grandes ! »

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OLIVIER ZUIDA LE DEVOIR La rentrée se jouera sous l’angle de la campagne , affirme Caroline Quesnel, présidente de la FNEEQ.

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