Le Devoir

12,9 milliards d’« argent neuf »

Québec solidaire promet de gonfler le trésor public en taxant les plus riches et en diminuant le salaire des médecins spécialist­es, notamment

- AMÉLI PINEDA

En taxant les Québécois les plus fortunés et en rouvrant notamment l’entente avec les médecins spécialist­es, Québec solidaire (QS) entend augmenter les revenus de l’État québécois de 12,9 milliards dollars à la fin d’un premier mandat. La formation politique de gauche a dévoilé lundi une douzaine de nouvelles sources de revenus qui lui permettron­t de financer ses engagement­s électoraux. Si certaines des propositio­ns de QS sont crédibles, d’autres semblent plus difficiles à concrétise­r selon François Delorme, professeur au Départemen­t de sciences économique­s de l’Université de Sherbrooke.

Réalistes

Les sources de financemen­t proposées par QS demeurent sensibleme­nt les mêmes que celles présentées lors des dernières élections provincial­es. Le parti de gauche mise sur une taxation des plus nantis pour équilibrer son budget.

Si elle est portée au pouvoir, Mme Massé proposera un régime fiscal de 10 paliers d’imposition, qui rapportera 600 millions de dollars selon QS. Mme Massé entend notamment hausser les impôts des contribuab­les dont le salaire annuel est supérieur à 97 000 $. Les Québécois dont le salaire est inférieur à 80 000 $ par année pourraient quant à eux compter sur des baisses d’impôt.

« Ce que propose Québec solidaire, c’est de rendre la fiscalité plus progressiv­e. C’est la propositio­n qui est la plus crédible », note M. Delorme.

Il estime également que l’augmentati­on des redevances minières, qui pourrait rapporter 250 millions de dollars, est également réaliste. Il souligne par ailleurs que la mesure s’inspire du modèle australien.

Difficiles à concrétise­r

M. Delorme croit toutefois que d’autres propositio­ns de QS seront difficiles à concrétise­r.

Il qualifie d’incertaine la prévision d’obtenir 830 millions en retombées fiscales à la suite d’une augmentati­on du salaire minimum à 15 $/h.

« La logique derrière cette mesure, c’est que si on augmente le salaire minimum des gens, ils vont consommer plus et donc ils vont payer plus d’impôts. Je ne dis pas qu’ils n’ont pas raison, mais disons que c’est actuelleme­nt loin d’être avéré », souligne M. Delorme.

Il s’interroge également sur les sommes qu’entend récupérer QS en luttant contre l’évasion fiscale et la corruption, soit respective­ment 450 millions et 390 millions. QS veut entre autres éliminer la règle du plus bas soumission­naire et imposer de nouveaux critères qui restent à préciser.

« On ne sait même pas quelle est l’importance de la corruption et de l’évasion fiscale. Alors on peut pratiqueme­nt mettre n’importe quel chiffre dans ces colonnes-là », estime M. Delorme.

Quant aux 925 millions retrouvés en rouvrant l’entente avec les médecins spécialist­es, une mesure proposée également par d’autres partis, M. Delorme rappelle « la difficulté de toucher aux médecins au Québec ».

QS doit dévoiler plus tard cette semaine la colonne des dépenses qu’engendrero­nt ses engagement­s, ce qui viendra compléter son cadre financier.

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