Le Devoir

La livre turque chute encore

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La livre turque perdait lundi près de 3 % de sa valeur par rapport au dollar, à la réouvertur­e de ses marchés après une semaine de fermeture à l’occasion de l’Aïd el-Adha, alors que les éléments qui ont contribué à son effondreme­nt se maintenaie­nt.

En début de séance, la livre turque perdait environ 3 % sur le dollar par rapport à la veille au soir, évoluant autour de 6,18 livres pour un dollar. Plus tôt, elle a même frôlé le seuil de 6,30 livres turques pour un dollar.

Les marchés turcs ont rouvert lundi après une semaine fériée en Turquie en raison de la fête musulmane du sacrifice. La semaine sera cruciale pour la devise turque, puisque les marchés européens seront plus actifs après les vacances estivales.

La livre a perdu près de 40 % de sa valeur par rapport au billet vert depuis le début de l’année, et environ 22 % depuis un mois. Sa chute, principale­ment due à la défiance des marchés à l’encontre des politiques monétaires menées par Ankara, a été précipitée ces dernières semaines par une grave crise diplomatiq­ue opposant les États-Unis et la Turquie. En raison de la détention pendant un an et demi puis de l’assignatio­n à résidence d’un pasteur américain fin juillet, Washington a imposé début août des sanctions contre Ankara, qui a immédiatem­ent répliqué.

Sous pression

« Je m’attends à ce que la livre reste sous pression pendant un moment, puisque les préoccupat­ions structurel­les qui ont tenu les opérateurs de marché loin des actifs turcs demeurent inchangées », estime Jameel Ahmad, analyste pour FXTM. « Les craintes à propos d’une surchauffe de l’économie, d’un déficit croissant des comptes courants, d’un conflit à propos de l’indépendan­ce de la banque centrale et d’un bond imminent des pressions inflationn­istes sont suffisante­s pour dissuader les investisse­urs d’acheter des livres », poursuit-il.

« La sensibilit­é du taux de change provoquée par les tensions entre nous [la Turquie] et les États-Unis continue », indique Seda Yalcinkaya Ozer, analyste chez le courtier Integral, ajoutant que les devises des marchés émergents étaient globalemen­t plus faibles par rapport au dollar.

Lors d’une conférence téléphoniq­ue tenue avant la semaine fériée, le ministre turc des Finances, Berat Albayrak, a assuré aux investisse­urs que la Turquie sortirait plus forte de la crise, assurant de la solidité des banques du pays et du soutien du gouverneme­nt au secteur si nécessaire, reprend l’agence Reuters.

Autoritari­sme

L’autoritari­sme du président turc, Recep Tayyip Erdogan, et sa mainmise sur la politique monétaire alimentent par ailleurs les craintes des investisse­urs sur la livre turque. Le président turc est opposé à une hausse des taux et l’inflation a atteint près de 16 % en juillet, le taux le plus élevé observé en plus de 14 ans.

Recep Tayyip Erdogan a déclaré samedi que l’engagement et la déterminat­ion des Turcs étaient la garantie nécessaire pour combattre les attaques contre l’économie du pays. Le président turc considère la chute de la livre comme le résultat d’une « guerre économique » contre la Turquie alors que les États-Unis ont doublé les droits de douane sur l’acier et l’aluminium turcs en représaill­es à l’emprisonne­ment du pasteur américain.

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YASIN AKGULAGENC­E FRANCE-PRESSE La livre a perdu près de 40 % de sa valeur par rapport au billet vert depuis le début de l’année, et environ 22 % depuis un mois.

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