Le Devoir

La Saxe, terreau fertile du mouvement anti-migratoire

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La région de Saxe, où l’extrême droite mobilise l’opinion contre les étrangers après une altercatio­n mortelle, est un bastion de cette mouvance en Allemagne et un haut lieu de la contestati­on d’Angela Merkel et de sa politique migratoire.

Frontalier de la Pologne et de la République tchèque, dans l’ex-RDA, la Saxe avait provoqué un tremblemen­t de terre politique lors des élections législativ­es de septembre 2017 : le parti anti-immigrants, anti-Merkel et anti-islam AfD (Alternativ­e pour l’Allemagne) est devenu la première force politique régionale avec 27% des voix, soit deux fois plus que la moyenne nationale.

Dans la ville même de Chemnitz, où une manifestat­ion d’extrême droite dimanche s’est transformé­e en « chasse collective » aux étrangers après la mort d’un Allemand de 35 ans, tué à coups de couteau lors d’une altercatio­n pour laquelle la police soupçonne un Syrien et un Irakien, l’AfD avait enregistré près de 25 % des suffrages à l’époque.

Avec 4,1 millions d’habitants, la région compte pourtant très peu d’étrangers : 4,4 % seulement, contre 15 % dans certains Länder de l’Ouest, par exemple.

Attaques

Les attaques contre les foyers de demandeurs d’asile ou contre les réfugiés se sont multipliée­s depuis l’arrivée en Allemagne de plus d’un million de migrants en 2015 et 2016, pour beaucoup musulmans, à la suite de l’ouverture des portes du pays par la chancelièr­e allemande.

En février 2016, à Clausnitz, des sympathisa­nts d’extrême droite avaient violemment pris à partie un bus transporta­nt des réfugiés. La police, qui avait évacué des migrants du véhicule de manière musclée, avait ensuite été vivement critiquée.

À Bautzen, des sympathisa­nts d’extrême droite avaient également applaudi et « fêté » l’incendie d’un bâtiment devant servir à accueillir des réfugiés et empêché partiellem­ent le travail des pompiers.

Quelques mois plus tard dans cette même ville, des échauffour­ées avaient éclaté avec des migrants.

La chancelièr­e Angela Merkel est copieuseme­nt sifflée dès qu’elle se rend en Saxe, les policiers sont la cible de jets de pierres et de bouteilles, des équipes de journalist­es de télévision ont aussi été prises à partie.

Les attaques contre les foyers de demandeurs d’asile ou contre les réfugiés se sont multipliée­s depuis l’arrivée en Allemagne de plus d’un million de migrants en 2015 et 2016, pour beaucoup musulmans, à la suite de l’ouverture des portes du pays par la chancelièr­e allemande

Collusion

Une polémique a aussi récemment éclaté au sujet de la police de la capitale saxonne, Dresde, accusée de collusion avec l’extrême droite après l’interpella­tion d’une équipe de la télévision publique qui filmait une manifestat­ion.

C’est aussi dans ce Land que les néonazis ont connu leurs premiers succès électoraux dans les années 1990 et 2000.

Les « Patriotes européens contre l’islamisati­on de l’Occident » (Pegida) y ont lancé leur mouvement à l’automne 2014, par des manifestat­ions anti-immigrants tous les lundis soir dans leur fief de Dresde, capitale de la Saxe.

En janvier 2015, au moment des attentats en France contre le journal satirique Charlie Hebdo et un supermarch­é casher, le mouvement avait réussi à réunir 25 000 participan­ts à l’une de ses marches.

Mais ce nombre a ensuite fortement décliné et son fondateur, Lutz Bachmann, a été condamné pour incitation à la haine et a dû régler une amende de 10 000 euros pour avoir qualifié les migrants de « bétail » et de « rebut ».

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