Des journalistes manifestent après l’agression d’un reporter
Les journalistes bosniaques font régulièrement l’objet d’attaques verbales, de menaces et de procès en diffamation dans le contexte politique très polarisé
Des journalistes bosniaques ont demandé lundi à la justice d’intervenir après l’agression violente dimanche soir d’un reporter serbe de Bosnie qui couvre des manifestations politiques.
L’ambassade américaine a jugé les faits «inacceptables». «Quand les journalistes sont réduits au silence, la société souffre », poursuit la mission diplomatique dans un communiqué. L’Union européenne a également condamné l’agression du journaliste qui travaille pour la chaîne de télévision privée BN et déclaré suivre de près la liberté de la presse dans le pays, alors qu’elle analyse la candidature du pays pour intégrer l’UE.
Agressé près de son domicile par deux individus cagoulés à Banja Luka (nordouest de la Bosnie) alors qu’il revenait d’une manifestation, Vladimir Kovacevic souffre de blessures à la tête et a été hospitalisé, ont rapporté lundi des médias. Les deux agresseurs « savaient où je vis […]; quand je suis passé à côté d’eux ils se sont mis à me frapper brutalement », a raconté le journaliste sur son compte Twitter où il a posté une photo de lui, la tête couverte de bandages.
« Tentative de meurtre »
L’agression a suscité l’indignation des médias locaux, selon lesquels de nombreux journalistes ont participé à une manifestation lundi à Banja Luka, pour exprimer leur mécontentement.
« L’un des nôtres a été attaqué », a dé- claré le président de l’association des journalistes de Bosnie Marko Divkovic, qui craint de nouvelles violences envers les journalistes à l’approche des élections prévues le 7 octobre prochain.
« Cela ressemble à une terreur organisée, venant des politiques, de la justice et de la police. Toutes les limites ont été dépassées, c’est une tentative de meurtre », a-t-il ajouté.
Les journalistes bosniaques font régulièrement l’objet d’attaques verbales, de menaces et de procès en diffamation dans le contexte politique très polarisé.
Vladimir Kovacevic couvre les manifestations, quotidiennes depuis mars, provoquées par la mort d’un étudiant, David Dragicevic, que les protestataires considèrent comme un meurtre et les autorités comme un accident.
Cet étudiant en informatique est devenu le symbole de la révolte contre les puissants et la corruption, dans un pays où la défiance envers les politiques est profonde.
À l’approche d’élections générales en octobre, il s’agit du principal sujet politique dans l’entité des Serbes de Bosnie, la Republika Srpska, dont Banja Luka est la capitale.
Le représentant de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) pour la liberté des médias, Harlem Désir, a appelé les autorités à ouvrir « rapidement une enquête et présenter les responsables devant la justice », car « toute attaque contre les médias est une attaque contre les valeurs démocratiques et les citoyens ».